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JUSTICE
Des experts en explosifs à la barre.

Cette longue journée a été marquée par les témoignages des experts artificiers Ainsi que par l'audition très attendue de Jean-françois Clair, responsable de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et de Monsieur Bernard Squarcini, le numéro deux des Renseignements généraux (RG).


Mardi 8 octobre 2002.

Rachid Halloui

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M. Veillard "nous nous sommes retrouvés en face d'un système qui comprenait un explosif vraisemblablement pas de type militaire ou plastic mais artisanal".

 

L'audition des experts a mis un évidence une véritable contradiction entre : d'une part, les méthodes artisanales employées par les auteurs des attentats qui s'apparentent plutôt à celles d'un chimiste amateur et qui tranchent avec le bilan monstrueux de ces explosions.
Des composants tous en vente libre, des écrous, des vis, des clous pour composer une bombe destinée à tuer. A la station Saint-Michel à Paris quatre passagers vont mourir sur le coup, quatre autres décéderont dans les jours suivants, plus de 150 sont blessés.
Les témoignages détaillés de ces experts en explosifs ont fait frémir de nombreuses fois les victimes et leurs familles présentes dans la salle.

L'expert de la police nationale envoyé sur place pour examiner les débris a expliqué à la barre la difficulté qu'il avait eu à déterminer les composants qui entraient dans la fabrication de la bombe. Les experts auront beaucoup de mal à retrouver tous les fragments de l'engin explosif.
Les débris ont été disséminés partout dans la voiture du RER et dans le corps des victimes. "nous avons eu beaucoup de difficultés à travailler dans le sang et l'urine des victimes dont certaines étaient soignées sur place". Les policiers vont devoir procéder à des fouilles méticuleuses.
"Nous avons retrouvé les débris d'une bouteille de gaz sur le sol du wagon parmi les victimes, ainsi que des écrous, des vis et des clous" a expliqué Henri Viellard, un expert en explosif du laboratoire central. Il précise également que les écrous étaient "à six pans ou à ailettes", et ce sont ces derniers qui font le plus de dégâts car ils s'enfoncent profondément dans la chair des victimes. Sur les lieux, les enquêteurs retrouveront des éclats de ce qui s'avérera être un réveil. Une de ses aiguilles étant entourée de fils électriques avec une pile de 1,5 volt.

Le témoignage des experts est difficilement supportable pour les parties civiles mais il laisse Boualem Bensaïd de marbre. La tête reposant contre la vitre du box, il ferme les yeux et semble endormi tandis que Smaïn Aït Ali Belkacem écoute le récit du témoin sans broncher.

Le 7 août et à force de recherches et de travail, les experts vont réussir à comprendre la composition de l'explosif contenu dans la bouteille de gaz : un mélange de chlorate de soude et de soufre. Le même mélange sera retrouvé le 17 août dans les débris de la bombe qui explose sur l'avenue Friedland. Le 26 août, une bombe est retrouvée intacte ; elle devait exploser lors du passage du TGV Lyon-Paris.
Là aussi, le même mélange est retrouvé avec en outre les empreintes de Bensaïd. Quant au système, il est simple expliquera M. Veillard "nous nous sommes retrouvés en face d'un système qui comprenait un explosif vraisemblablement pas de type militaire ou plastic mais artisanal".

L'expert détaille ce système artisanal : un filament d'ampoule dénudée qui rougit sous l'effet d'une pile et allume le mélange explosif. Un réveil cassé en son centre, relié à un fil, fixe l'heure de l'explosion. Tous ces ingrédients sont en vente libre.
Seule la fixation du déclenchement est complexe précisera l'expert. D'ailleurs, à plusieurs reprises, ce procédé ne fonctionnera pas précisera-t-il et la bombe n'explosera pas. Mais lorsque ce déclenchement se fait alors, ce sont des clous, des vis et des écrous à ailettes, qui sont projetés hors des bouteilles de gaz, et qui détruisent " les parois métalliques du RER et déchirent les corps ".
Un second expert précisera qu'"Il y a une véritable signature technique", émanant d'un "groupe d'individus qui ont suivi la même formation".
De véritables amateurs guidés par un fanatisme meurtrier qui est fort bien révélé par des enregistrements de conversations téléphoniques " surréalistes " passées entre les deux hommes présents aujourd'hui dans le box des accusés juste avant leur arrestation.

La poudre, "je l'ai mise cuillère par cuillère", dit l'un. "L'essentiel, c'est de ne pas s'emmêler avec les fils" conseille l'autre. De pauvres terroristes de pacotille qui sont obligés de se promener avec des pense-bêtes. Ainsi par exemple, lorsque Ben Saïd est arrêté, les policiers trouveront sur lui, une feuille permettant le décodage des numéros de téléphones.
Ben Saïd est en effet, incapable de se souvenir des méthodes de décryptage sans cet aide-mémoire. Des êtres violents et sans intelligence. Selon des témoignages recueillis auprès d'anciens membres du réseau ou de repentis, le discours d'Ali Touchent reflétait lui aussi cette grande violence : "Il m'a montré une vieille dame et m'a dit [si elle ne veut pas se convertir, j'ai le droit de la tuer]". Selon un autre, "il nous a dit qu'un [émir] allait venir d'Algérie et que tout allait s'arranger".

Cet émir, selon l'avocat général, ce serait Bensaïd. "J'ai déjà entendu ce torchon", répond l'Algérien. Les premiers jours de ce procès ont démontré que leurs arguments étaient tout aussi artisanaux que le reste de leur carrière de terroristes. Selon les deux hommes, toute l'enquête est " bidon ". Les témoignages ont été extorqués par violence, les preuves sont sans valeurs ou n'existent pas, les témoins sont tous des nuls. Mais la justice poursuit malgré tout ce procès bien décevant : en fin de journée, elle a entendu un des responsables de la DST pour qu'il confirme à la barre qu'Ali Touchent n'était pas un informateur des services de renseignements français.

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