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jeudi 19 février 2004
le Collectif Unitaire "Une école pour tous-tes - Contre les lois d'exclusion"
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Le mouvement « Ni putes, ni soumises », créé dans le sillage de SOS Racisme et du Parti socialiste, semble devenu aujourd'hui la nouvelle « cause nationale ». Financées à grands coups de subventions publiques, adulé par nos élites politiques et médiatiques, reçu en « grandes pompes » dans la plupart des municipalités de l'Hexagone, les NPNS sont devenues l'expression de notre mauvaise conscience républicaine qui se rachète sur le dos des banlieues et des populations précaires une virginité féministe et laïque, évacuant ainsi le véritable problème des discriminations sexistes qui, rappelons-le, touchent tous les milieux sociaux et culturels.
A l'instar de SOS-Racisme qui, quinze ans plutôt, avait confisqué le message citoyen et autonome du mouvement des banlieues (les Grandes Marches de 1983, 1984 et 1985), les « Ni putes ni soumises », grâce à des moyens de communication sophistiqués, transforment la « cause des femmes » en un « féminisme gadget », opposant de manière manichéenne les « centres-villes émancipés » aux banlieues « sexistes et arriérées ».
Or, si les violences sexistes dans les cités populaires constituent bien une réalité, qu'il faut dénoncer à tout prix, il convient de rappeler que le « féminisme gadget » des NPNS est porteur d'effets pervers qui renforcent encore davantage les discriminations sociales, racistes et sexuelles :
il tend à occulter tout le travail de terrain accompli depuis de nombreuses années par des associations et des structures de proximité qui voient aujourd'hui diminuer, de manière drastique, leurs subventions ;
il réduit le problème des violences sexistes aux seules populations issues de l'immigration maghrébine, africaine et turque (les « nouveaux barbares »), qui sont simultanément traitées comme des « victimes » et des « bourreaux » (notons, qu'en France, 2,5 millions de femmes de toutes origines socio-culturelles sont victimes chaque année de violences sexistes) ;
il établit une équation douteuse, sur le plan sociologique, entre la visibilité de certaines associations musulmanes et la montée des attitudes sexistes, celles-ci étant rendues responsables de la frustration sexuelle des jeunes ;
dans le même élan, les NPNS ont apporté leur caution à la loi visant à exclure les jeunes filles voilées du droit à l'éducation ;
plus grave, les « Ni putes, ni soumises » ethnicisent le combat historique des femmes pour leur émancipation, pour en faire le monopole d'une élite « civilisée », opposée aux « sauvageons » des banlieues.
En tant que militants associatifs et acteurs de la société civile, nous ne pouvons que déplorer cette utilisation médiatique et exotique du féminisme. Nous appelons à une véritable réflexion sur toutes les formes discriminations sexistes et racistes en France et en Europe.
le Collectif Unitaire "Une école pour tous-tes - Contre les lois d'exclusion"
C/O CEDETIM - 21ter rue Voltaire - 75011 Paris Tél. : 01 43 71 62 12 cedetim@reseau-ipam.org Port. : 06 61 95 88 52 (Karim Azouz)
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