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TERRORISME
L'enquête sur l'attentat de la synagogue à Djerba rebondit

Le 11 avril 2001, un camion-citerne explose devant une synagogue de Djerba faisant 21 morts. Le téléphone satellite retrouvé au domicile du terroriste permet à l'enquête de progresser. Walid Nawar le frère cadet du kamikaze est dans le collimateur des policiers.


Jeudi 7 novembre 2002.

Rachid Halloui

Mis en ligne le : 20/10/2002

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"C'est une famille typique issue de l'immigration du travail et ayant bénéficié du regroupement familial, des gens sans histoires et parfaitement intégrés"

Me Sabatier (avocat de la famille)

 

Walid Nawar dans le collimateur de la DST.

Si l'auteur présumé de l'attentat de Djerba n'a jamais vécu en France, sa famille réside dans la banlieue lyonnaise. Il y a trente ans, le père de Nizar Nawar quitte la Tunisie et arrive en France. Benéficiant du regroupement familial, il est rejoint par sa femme et ses enfants en 2000 : la famille ne fera jamais parler d'elle : "C'est une famille typique issue de l'immigration du travail et ayant bénéficié du regroupement familial, des gens sans histoires et parfaitement intégrés", assure l'avocat de la famille, Me Laurent Sabatier. Etant majeur au moment de son arrivée en France, Walid Nawar, le frère cadet du terroriste n'a pu bénéficier du regroupement familial. Il reste en France mais entre dans la clandestinité. En avril, il est interpellé par la police aux frontières. La préfecture délivre un arrêté de reconduite. Le jeune homme de 22 ans est transporté au centre de rétention de l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry pour être expulsé vers la Tunisie. Suite à un "vice de forme", il est remis en liberté. En juillet, il épouse une ressortissante française et dépose une demande d'asile politique.

Nizar Nawar : un musulman non pratiquant

Lors de l'enquête préliminaire, cette famille apparemment sans histoire, a été entendue par les enquêteurs de la DNAT ( la Division nationale antiterroriste) quelques jours seulement après l'attentat. Aucun de ses proches ne veulent, ni ne peuvent croire que Nizar ait pu être lié à un réseau terroriste islamiste. Ses parents affirment aux policiers qu'elle n'avait pas de contact particulier avec leur fils et ils se déclarent stupéfaits d'apprendre qu'il pourrait être le conducteur du camion. Son père et sa mère assurent aux policiers qu'ils pensaient que leur fils de 24 ans travaillait dans une agence de voyage de Djerba, précisant qu'il n'a jamais mis les pieds en France et qu'il n'était pas porté vers la religion. Ils reconnaissent avoir reçu un appel anodin le 5 avril. Son frère, Walid Nawar se disait lui aussi très étonné, affirmant ne pas connaître les dérives intégristes de son frère. "La religion, il n'en parlait pas" raconte-t-il. "Nizar est musulman, mais n'est pas pratiquant. La dernière fois que j'ai eu Nizar au téléphone, il me demandait comment était la vie en France, s'il y avait des filles, comment ça se passait avec elles" explique-t-il.

En ce qui concerne la lettre- testament laissée par Nizar à sa famille et qui demandait à son frère de "terminer le travail", Walid déclare au journal Libération, qu'il ne comprenait pas et qu'il n'y croyait pas.

J'ai besoin de ta bénédiction

Mais subitement, l'affaire rebondit grace notamment au téléphone satellite retrouvé au domicile de l'auteur présumé de l'attentat.
L'étude du relevé d'appels montre que le dernier coup de fil de Nizar Naouar, passé juste avant l'attentat, était destiné à un numéro de Karachi, basé au Pakistan, et qui serait celui du Koweïtien, Khaled Cheikh Mohammed, un haut responsable d'Al Qaïda qui organise aujourd'hui, les attaques terroristes dans les pays étrangers. Une heure avant l'explosion, il avait également contacté en Allemagne, Abou Ibrahim c'est à dire, Christian Ganczarski (36 ans), un converti à l'islam qu'il avait rencontré lors de son séjour en juillet 2001 dans les camps d'entraînement du Pakistan. L'allemand était sous écoute depuis les attentats du 11 novembre.
La conversation fut brève moins de deux minutes :

«- Tout est en ordre? demande Ganczarski.
- Oui répond Nizar en ajoutant : Ne m'oublie pas dans tes prières,
- As-tu besoin de quelque chose ? demande l'autre.
- Non, je te remercie. Je t'appelle car j'ai besoin de ta bénédiction.
- Par la volonté de Dieu. D'accord.
- Va en paix , lui dit Nizar.
- Va en paix, réplique l'allemand. Que la miséricorde et la bénédiction de Dieu t'accompagnent.
"

Mais ce qui trouble également, les enquêteurs c'est que l'exploitation de ces appels montre aussi que Nizar a passé plusieurs coups de fil à ses proches dans les heures qui ont précédé l'opération. Quand au téléphone satellitaire, c'est Walid, qui l'a acheté dans une boutique parisienne. Ce téléphone de marque permet d'appeller dans le monde entier. Reste que son prix est fort élevé (1829 euros) surtout pour un jeune homme sans le sou. En outre, avant d'envoyer l'appareil en Tunisie, il a téléphoné en Allemagne précisément dans la région où habite justement, Ganczarski. Nul doute que le juge Jean-Louis Bruguière souhaitera obtenir des précisions auprès des proches de Nizar. Il devrait entendre de nouveau cette famille pour savoir si elle persiste à affirmer n'avoir pas été en contact avec le jeune homme. Pour Me Sabatier "Il n'est pas impossible qu'ils aient occulté un coup de fil, par peur de ce qui se passerait s'ils l'avaient mentionné".

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