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POLITIQUE
Serge Lepeltier : l'homme par qui le scandale arrive

Que fera donc la droite en cas de triangulaires? La question ne semblait même pas devoir être posée. Mais, c’était sans compter sur Serge Lepeltier, le nouveau président délégué du défunt RPR.

fidès
Mercredi 22 mai 2002

Medhi cherifi

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Le retour de la Gaffe

MBien qu’il ait proclamé haut et fort lors d’un point de presse du 16 mai dernier que l’union était indispensable pour prévenir tout risque de cohabitation: "Si nous voulons gagner, (les législatives) nous devons être unis, sinon il y a un risque majeur de retourner à la cohabitation et de faire perdre la majorité présidentielle". Personne n’aurait pu imaginer qu’il serait prêt à aller aussi loin pour gagner et surtout personne ne s’attendait à ce qu’il le proclame aussi ouvertement.

Tout commence mardi 21 mai par une déclaration sans détour sur l’antenne de RTL. "Le risque le plus grand aujourd'hui pour notre démocratie, c'est la confusion qu'il y a entre la droite républicaine et la gauche, puisque alors les électeurs disent : il faut voter aux extrêmes, pour le changement. Donc ne tombons pas dans cette confusion, et moi je souhaite que l'on maintienne notre candidat, parce qu'on prendra toujours moins de risques dans ce cas-là par l'élection de quelques députés, que la gauche n'en a pris lorsque avec la proportionnelle elle avait abouti à ce qu'il y ait un groupe du Front National à l'Assemblée Nationale."
Il préconise donc, en cas d’affrontements PS/FN au second tour des élections législatives, le maintien des candidats de l’UPF.

Levée de bouclier pour la gauche:
La gauche qui n’en demandait pas moins, réagit aussitôt, trouvant dans cette déclaration un moyen de redynamiser des troupes un peu cafardeuses. Elle va alors monter au créneau et dénoncer les propos de Serge Lepeltier.
Pour Vincent Peillon du PS, il s’agit bien d’"une trahison du pacte passé à la présidentielle" entre Jacques Chirac et ceux qui ont voté pour lui le 5 mai. "Le mandat donné à Jacques Chirac était bien de lutter contre le FN. Je m'étonne donc de la rupture de ce contrat telle qu'elle est annoncée par M. Lepeltier".
Nous ne prendrons jamais ce risque (d'élection d'un député FN), quel que soit le prix momentané à payer”. Vincent Peillon en profite également pour dénoncer la « complaisance inadmissible dont l'UMP fait preuve à l'égard de Millon, Blanc, Soisson ou Mancel ».
Laurent Fabius reprendra d’ailleurs, ce thème de la complaisance sur Europe 1. L'UMP «dit qu'il n'y aura pas de tractations (...) en fait, dès aujourd'hui, malheureusement, il y a un certain nombre d'opérations», regrette-t-il. «L'UMP, qui est la même chose que le RPR, soutient Millon, Blanc, Soisson, des gens qui travaillent avec le FN». L’ancien ministre considère qu’il n’y a pas “eu du tout de clarification de la part de la droite”.
Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, jette le trouble sur France Info en affirmant "qu'un des responsables du RPR se laisse à dire tout haut ce que beaucoup de ses amis pensent tout bas". François Hollande, mercredi à la Cité des sciences à Paris ne dira pas autre chose : “Monsieur Lepeltier a dit tout haut, au nom du RPR, ce que l'UMP pense tout bas », Pour lui .« Quel que soit le résultat du 16 juin, la droite a déjà perdu l'essentiel : son âme et son honneur. »
Noël Mamère pour les Vert s’est dit : "particulièrement choqué". L'ex-candidat Vert à la présidentielle prend note du fait que la droite "revient à ses vieux démons" et que M. Lepeltier, "à l'image du président de la République est sans foi ni loi et déshonore la République en tenant de pareils propos au lendemain d'une mobilisation historique des Français pour sauver les valeurs de la démocratie".
Le PCF en appelle à Jacques Chirac pour "qu'il démente les propos de Serge Lepeltier". Patrice Cohen-Séat, membre de la direction communiste, fait remarquer que "Jacques Chirac a été élu par les démocrates, par toutes celles et ceux qui refusaient l'extrême droite. Il est inconcevable que la droite puisse aujourd'hui envisager de faire le jeu de l'extrême droite".

La droite tente d’éteindre l’incendie.
L’Elysée est en colère et toute la journée de mardi et de mercredi, la droite va devoir tenter de rectifier la bévue du nouveau “Gaston Lagaffe” de la politique.
Pierre Bédier, secrétaire général adjoint du mouvement s’y colle. Sans perdre de temps, il fait le tour des médias pour récupérer “les conneries” comme il le dit lui-même, de son comparse Serge Lepeltier. Il martèle partout où il le peut qu’il n’y aura aucun accord électoral avec le Front National.
Le président de l'UDF, François Bayrou, se rappelle au bon souvenir de ses anciens amis. Dès mardi soir au cours d’une réunion électorale à Vincennes, il jugera "pas tenable" la position exprimée par Serge Lepeltier; rappelant pour ceux qui l’auraient oublié que "La gauche a massivement voté pour Jacques Chirac au second tour de l'élection présidentielle. Si vraiment il y a des triangulaires dangereuses aux législatives (risque de victoire du FN dans certaines circonscriptions), il faudra que ce qui a prévalu lors de la présidentielle prévale également aux législatives, à condition de prendre des précautions pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une manoeuvre" (de la gauche). Parce que “Si ça n'était pas le cas, l'électeur de gauche se sentirait floué» a-t-il ajouté. Alain Juppé, le député-maire de Bordeaux qui était mardi à Dax dans les Landes a confirmé qu’il n’y aurait "aucune alliance directe ou indirecte avec le Front national". Il a même évoqué l’idée d’interdire toute triangulaire aux législatives pour régler définitIvement le problème."Je serais tenté personnellement par une solution tout à faite claire, une solution qui consisterait comme pour l'élection présidentielle, à ne garder au 2ème tour de l'élection législative que les deux candidats les mieux placés au 1er tour
Pour sa part, Philippe Douste-Blazy, l’ex-président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, a assuré dans un communiqué que "c'est en refusant toute compromission avec l'extrême droite que (l'UMP) sera conforme à tous ceux qui ont soutenu Jacques Chirac le 5 mai". Réaffirmant mercredi soir sur France 2 qu'"il n'y aura pas de compromission avec l'extrême droite". "Jacques Chirac l'a toujours dit et toujours montré et nous avec lui", avant de conclure que la déclaration de Lepeltier était "une affaire close".
Jean-Louis Debré, s'est voulu, une fois n’est pas coutume, d'une clarté absolue. Mercredi sur LCI il a assuré qu'«il n'est pas question de favoriser directement ou indirectement les idées extrémistes et les candidats du FN». «C'est un impératif pour éviter combines, calculs, arrière-pensées politiques».
Les cinq porte-parole de l'UMP ont du eux-aussi recadrer le débat : "C'est dans la clarté et sans compromission que l'Union formera la majorité présidentielle, sans l'extrême droite qui n'a d'autre ambition que de favoriser la victoire de la gauche".
A la sortie du Conseil des Ministres de mercredi, Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement, a affirmé que le gouvernement avait "clairement inscrit son action dans la volonté d'en terminer avec l'immobilisme" et que "C'est par l'action que nous comptons faire reculer toutes les formes d'extrémisme", a-il-ajouté. Quant à la polémique entraînée par la déclaration de Monsieur Lepeletier, le porte-parole affirme à qui veut bien l'entendre, que ce sujet n’a pas été évoqué lors du conseil des ministres.
Ces derniers toujours soumis à la règle du silence n’étaient pas nombreux à vouloir s’exprimer sur le sujet.
François Fillon, le ministre des Affaires sociales, a rappelé que la position du gouvernement face au Front national était bien "connue". "On n'a pas mené ce combat contre le Front national pour changer de position à l'occasion des élections législatives", a-t-il déclaré.
Lors d'une réunion du conseil des fondateurs de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), au sénat, l’agacement est quelque peu perceptible même si l’on reste avare de déclaration.
Le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, répète à qui veut l’entendre la teneur de la ligne officielle : "Aucune attitude ne devra favoriser l'élection d'un candidat du FN."
Devant la grosse colère de l’Elysée, dès mardi soir, Serge Lepeltier est obligé de se rétracter. Au journal de 20 heures sur France 2, il déclare qu'en cas de duel PS/FN, il appellerait à voter contre le Front national. "A titre personnel, j'appellerai à voter pour le candidat qui sera contre le candidat du Front national. C'est très clair et ça me semble devoir être la position générale de l'UMP."Ouf! L’honneur est sauf !
Jean-Marie Le Pen a sauté sur l’occasion et mercredi a proposé à la droite «des retraits ou des désistements pour battre la gauche» aux législatives. Mais pour le moment, il semblerait : «qu'il y ait un oukase de M. Chirac» pour ne céder pas à la tentation a-t-il déploré.

Début de semaine agitée mais la déclaration de Serge Lepeltier aura au moins eu le mérite de lancer une campagne législative quelque peu assoupie. Alors, est-ce seulement une “connerie”, une “bourde” du nouveau Président délégué au RPR, qui soit dit en passant n’en est pas à sa première? Ou ne serait-il qu’un révélateur qui n’a fait que dire tout haut ce que la droite pensait tout bas comme le clâme la gauche plurielle?
Cela serait sans nul doute plus inquiétant! Réponse le soir du premier tour!

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