FN/Droite : des rapports toujours flous
La question est cependant simple : en cas de triangulaire et si son candidat est derrière celui du parti
socialiste, la Droite appelera-t-elle au désistement républicain pour faire barrage au parti des
messieurs Le Pen ou Mégret?
La réponse devrait être sans aucune ambiguïté! Et les français qui ont contribué à la victoire sans
précédent de Jacques Chirac sont en droit d’obtenir une réponse nette et tranchée.
Cela a-t-il été le cas après les déclarations de Serge LEPELTIER, le président délégué du RPR?
Souvenons-nous!
Mardi matin sur l’antenne de RTL, ce dernier déclarait souhaiter pour éviter toute “confusion” entre
la droite et la gauche, le maintien des candidats de l’UMP au second tour face à des candidats du PS
ou de l’Extrême Droite.
Mais dans ce cas, n’y-a-t-il pas un risque? Celui de faire entrer des députés extrémistes à l’Assemblée
Nationale.
Mais quel risque? Car pour Monsieur Lepeltier : “On prendra toujours moins de risques dans ce
cas-là par l’élection de quelques députés, que la gauche n’en a pris lorsque avec la proportionnelle,
elle avait abouti à ce qu’il y ait un groupe du Front National à l’Assemblée Nationale.”
Selon Monsieur LEPELTIER, c’est évident: la droite de Monsieur Le Pen est moins dangereuse pour
la France que ne l’est le parti socialiste.
Ce n’est pas tout à fait ce que nous avions compris au soir du premier tour des élections
présidentielles.
Nous savons le raz de marée que cette petite phrase entraîna dans le monde politique.
La gauche crie à la violation du pacte républicain et l’on attend avec impatience les positions de la
droite dite républicaine.
Mais surprise de taille car si la droite semblait en totalité condamner les propos tenus, une lecture
attentive laisse apparaître des propos largement équivoques :
Par exemple, prenons la déclaration de Monsieur Alain Juppé mardi dans les Landes; elle n’apporte
pas de réponse nette et précise.
En effet, dans son intervention, il fait une distinction : l’UMP et lui personnellement.
Pour l’UMP, il évoque alors un examen au cas par cas. "Nous examinerons les résultats au cas pas
cas, avec une règle de conduite absolue qui ne souffrira aucune exception : aucune alliance directe
ou indirecte avec le Front national".
Une question alors! Si la position est claire pourquoi avoir
besoin d’un examen au cas par cas? C’est oui ou c’est non!
A titre personnel, il déclare:"Je serais tenté personnellement par une solution tout à faite claire, une
solution qui consisterait comme pour l'élection présidentielle, à ne garder au 2ème tour de l'élection
législative que les deux candidats les mieux placés au 1er tour", a encore indiqué le député-maire
RPR de Bordeaux.
Mais être “tenté” ce n’est qu’une intention de faire non une décision ferme!
Prenons maintenant, la déclaration faite auprès de l’AFP par Patrick Stéfanini, qui est quand même
l’un des porte-parole de l'UMP.
"Serge Lepeltier s'est exprimé à titre personnel", déclare-t-il mais tout en ajoutant: "Quand on aura
les résultats du premier tour, on définira notre stratégie pour le second tour". De ce côté là aussi, nous n'aurons
aucune certitude!
Mardi soir sur France 2, Serge LEPELTIER faisait machine arrière mais pas totalement : sous une
pression évidente, il acceptait de dire “A titre personnel, j’appellerai à voter pour le candidat qui
sera contre le candidat du Front National” ajoutant lui aussi que cette position lui “semble devoir
être la position générale de l’UMP”. Un fois encore, le doute plâne.
Dans l'hypothèse d'une triangulaire, il indiquait lui aussi que la situation serait examinée "au cas
par cas". Il modulait ses propos tenus le matin mais les réponses apportées ne sont toujours pas claires!
M. Douste-Blazy a trouvé mieux, car il a refusé d'envisager le "cas de figure" à l’origine du débat
affirmant que les candidats de l'UMP "seront soit en tête, soit en deuxième position".
Il a réaffirmé qu'"il n'y aura pas de compromission avec l'extrême droite". L’affirmer c’est bien mais quelle preuve avons-nous?
Quand au gouvernement interrogé, mercredi à la sortie du Conseil des Ministres, il a affirmé par la
voix de son porte-parole, Jean-François Copé que cette question n'avait pas été évoquée lors du
conseil des ministres dont il rendait compte. C’est sans doute plus simple, mais personnellement je ne
vous croie pas Monsieur Copé! C'est encore un moyen de se défiler!
Il est difficile de savoir vraiment ce que pensent les dirigeants de l’UMP. En agissant ainsi, ils
cautionnent ceux qui à l’intérieur de leur propore camp n’ont pas peur d’une compromission
éventuelle avec l’Extrême Droite.
N’oublions pas que l'UMP à apporter son soutien à Charles Millon, Jean-Pierre Soisson et
Jacques Blanc, trois présidents de région élus grâce aux voix du FN en 1998. Ils pourront sans
doute faire des émules.
D’ailleurs, dès jeudi, un responsable varois Georges Ginesta (RPR) s'est dit hostile à la constitution
d'un Front républicain "pour faire barrage à l'extrême droite” dans son département. "Nos candidats
se maintiendront au second tour en cas de triangulaire avec la gauche et le FN chaque fois qu'ils
auront la possibilité de le faire même s'ils sont arrivés en troisième position", a déclaré le maire de
Saint-Raphaël dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
Cette sorte de double discours de l’UMP est inacceptable. Si la triangulaire
est vraiment dangereuse, il faudra faire barrage à l'extrême droite et sans aucun état d’âme.
Ce que la droite réclamait de la gauche, elle va devoir l’appliquer elle aussi quoiqu'il lui en coûte. Le Président, Jacques Chirac a été élu aussi par des
français qui voulaient défendre la République et il faudra quand même que l'UMP n’ait pas la
mémoire courte et qu’elle s’en souvienne!
Mais pour l’instant, j’estime que nous n’avons aucune preuve et que rien n’a vraiment été affirmé
avec force et conviction! Le doute est donc en droit de subsister dans les esprits républicains!