Deux plaintes avaient été déposées par Tariq Ramadan. Elles visaient une enquête publiée par Lyon Mag en octobre 2001 ainsi qu'une interview d'Antoine Sfeir parue en janvier 2002.
Une des demandes concernait des propos tenus par Antoine Sfeir, le directeur de la revue des cahiers de l'Orient. Dans une interview accordé à ce mensuel, ce spécialiste de l'islam, décrivait M. Ramadan comme un "spécialiste du double langage", dont le discours pouvait s'avérer dangereux.
Relaxé en première instance, la cour d'appel de Lyon a confirmé cette décision. Les magistrats ont estimé que l'interview "exprimait une opinion critique qui, formulée dans un contexte marqué par de graves attentats terroristes, n'apparaît pas disproportionnée eu égard au but d'information poursuivi".
Dans un communiqué, Lyon Mag se montre très satisfait d'un jugement qui ne reconnaît pas de caractère diffamatoire aux propos tenus par M. Sfeir. C'est "une victoire pour tous ceux qui dénoncent depuis de nombreuses années, les discours de Tariq Ramadan" estime le magazine.
L'autre demande de Tariq Ramadan visait une enquête publiée en octobre 2001 après l'attentat contre le World Trade Center à New-York. Cette dernière mettait en cause l'intellectuel musulman.
Le 19 décembre 2002, le tribunal correctionnel avait relaxé le magazine "au bénéfice de la bonne foi" estimant qu'il s'agissait "d'une étude réalisée par un journal dont la ligne éditoriale était habituellement polémiste".
La Cour d'appel n'a pas retenu cette argumentation estimant au contraire, que cette enquête n'établissait "ni dans sa matérialité, ni dans sa portée, la véracité de l'imputation faite à Tariq Ramadan de recruter des jeunes constituant [des groupes totalement incontrôlables] et d'être [au centre d'un réseau islamiste prêt à servir de relais à des actions terroristes]".
Cette décision n'est pas du goût du mensuel qui précise que contrairement à ce qu'affirme M. Ramadan, Lyon Mag n'a jamais présenté celui-ci comme " un recruteur de terroristes " mais comme un " islamiste pratiquant le double langage : modéré dans les médias mais radical devant les jeunes des banlieues. (…) Notre article soulignait simplement, comme Antoine Sfeir, ce double langage et l'influence de son discours sur les jeunes musulmans qui s'engagent dans la mouvance islamiste et qui risquent ainsi de basculer dans le terrorisme ".
Lors de l'audience de jeudi, Lyon Mag a cité plus d'une cinquantaine de livres et d'articles de spécialistes de l'islam qui " défendent la même analyse ". La cour a également entendu sept témoins. Parmi lesquels,
le directeur de la revue Islam de France, Michel Renard, ainsi que Mohammed Sifaoui, auteur de "la France malade de l'islamisme," qui ont précisé que Tariq Ramadan revendiquait dans un de ses livres, l'héritage spirituel de son grand-père, Hassan Al-Banna, le fondateur des Frère musulmans, un mouvement intégriste d'origine égyptienne.
Mohammed Sifaoui a d'ailleurs expliqué aux juges que Tariq Ramadan tenait un discours "communautariste, générateur de terrorisme".
Apparemment, le tribunal n'a pas été sensible à ces arguments. Lyon Mag a été condamné pour diffamation. Le mensuel devra verser 2.500 euros de dommages-intérêts à l'intellectuel musulman.
La direction qui se dit " choquée par cette décision " a fait part de son intention de se pourvoir en cassation.
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Communiqué de presse
de Tariq Ramadan
Tariq Ramadan
Lyon Mag