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Vendredi 17 mai 2002
Hamid Bellahcem
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Le CSI : une instance mise en sommeil
En 1986, Jacques Chirac est nommé Premier Ministre de François Mittérand. A
cette époque, des vagues d’attentats meurtriers touchent la France. Le 9 avril
1986, le nouveau Premier ministre créé le Conseil de sécurité intérieure pour lutter contre le terrorisme.
Charles Pasqua, disait en parlant de cette instance qu'il s'agissait d'un véritable "état-major contre les terroristes".
Composé des ministres de l'Intérieur et de la Sécurité, de la Défense, de la
Justice et des Affaires étrangères, auxquels s’ajoute parfois le ministre de
l’Economie, le CSI siège pour la première fois, le 1er mai 1986. Il se réunit de façon épisodique quand l’actualité l’exige (les otages du Liban, le dossier de la Nouvelle Calédonie).
En 1988, François Mittérand est réélu Président de la République. Le Premier ministre de l’époque, Michel Rocard maintient les réunions du CSI, notamment à propos de la Corse et des menaces terroristes liées à la guerre du Golfe. Puis, cette instance sera mise en sommeil par ses successeurs.
En 1997, Lionel Jospin le ressort, lors du colloque de Villepinte en
Seine-Saint-Denis. C'est lors de cette réunion, que fut créée aussi la police de proximité.
Le bilan du CSI
Sous Lionel Jospin, son domaine de compétence n'est plus focalisé sur les seuls attentats.En effet, il lui appartenait de "définir les orientations générales de la politique de sécurité", de veiller à une "bonne articulation des services" et à une "meilleure coordination des moyens".
A son menu ont notamment figuré la délinquance des mineurs, la déontologie, la coordination entre police et gendarmerie, les violences urbaines, la police municipale ou encore la Corse.
Le CSI est alors présidé par le Premier ministre, y siègent également : les ministres de
l'Intérieur, de la Justice, de la Défense ou du Budget et selon les sujets abordés, les ministres de l'Emploi et de l'Education nationale peuvent y être conviés.
Le CSI s'est réuni plusieurs fois et a travaillé notamment, sur le problème des mineurs délinquants multirécidivistes, sur la police de proximité.
Ainsi, en janvier 1999, Lionel Jospin annonçait la création de centres de placement immédiat à vocation plus éducative que répressive.
Le 19 avril 1999, l'ancien Premier ministre présidait un CSI consacré à la police de proximité où il y était déjà question de la réforme de l'emploi des forces mobiles : CRS et gendarmes mobiles.
Le CSI aujourd'hui
Sa principale mission qui n'est pas très originale, a été précisée par un communiqué du Premier Ministre :
"Ce conseil a pour mission d’assurer l’impulsion de la politique de sécurité intérieure en fixant les orientations et les priorités, de coordonner cette politique, en veillant à la cohérence des actions des différents ministères, d’assurer leur évaluation, et de garantir l’adéquation des moyens aux enjeux de la sécurité intérieure, à travers, notamment, les projets de loi de programme en la matière. L’importance de cette mission, qui est au cœur des priorités des Français et des actions régaliennes de l’Etat, justifie que le conseil de sécurité intérieure soit présidé par le chef de l’Etat, comme le conseil de défense."
Le véritable changement du CSI réside dans cette présidence. Dorénavant, le Conseil de sécurité intérieure est placé sous la présidence du chef de l'Etat "comme le conseil de Défense", a fait observer M. Copé.
Le conseil, qui tiendra sa première réunion "dès la semaine prochaine", sera composé du Premier ministre et des ministres de l'Intérieur, de la Justice, de la Défense. Ce conseil est "élargi à titre permanent" aux ministres de l'Economie et des Finances, du Budget et de l'Outre-mer. En outre, au cas par cas, pourront également y participer les ministres de la Ville, de l'Education nationale, des Transports, et de la Jeunesse, a indiqué le porte parole du gouvernement, Jean-François Copé tout en insistant sur le fait que "Cet élargissement correspond au nouveau concept de sécurité intérieure qui,
désormais, implique tous les services de l’Etat, et notamment les services
fiscaux et les douanes."
Le secrétaire général du CSI sera nommé directement par le Président. Il pourrait s'agir de Philippe Massoni, ex-patron de la Préfecture de police de Paris, devenu conseiller pour les affaires de sécurité intérieure auprès du chef de l'Etat.
La semaine prochaine, date de la première réunion du CSI, on commencera à "donner l'impulsion de la politique de sécurité, en fixant les
orientations et les priorités ».
Ce Conseil de sécurité intérieure dont Jacques Chirac ne cessait de parler tout au long de sa campagne n'est sans doute que la première étape de "la nouvelle politique de sécurité" du gouvernement. Mais déjà, elle peut inspirer doute et déception.
Le Syndicat national des officiers de police majoritaire le SNOP n'a pas caché sa surprise et son dépit. «Ce n'est que la continuité de ce qui avait été engagé auparavant», a déclaré son secrétaire général, Jean-Pierre Reynaud.
Pour Jean-Marie Le Pen, président du FN, «La création d'un Conseil de sécurité intérieure est le type même de l'effet d'annonce démagogique. La sécurité est affaire de volonté politique, celle qui manque précisément à Jacques Chirac et à son gouvernement provisoire».
Au parti socialiste, Julien Dray s'est contenté d'ironiser «la montagne accouche d'une souris». «Il faut faire croire qu'on agit alors qu'on ne fait rien. C'est beaucoup de bruit pour pas grand-chose.» Selon ce dernier, le «fait que le Président préside le Conseil peut même compliquer les choses d'un point de vue technique».
Alors, ce Conseil de sécurité intérieur ne sera-t-il rien d'autre qu'un symbole, un outil de communication? Le fait que celui-ci soit présidé aujourd'hui, par le Président de la République n'est-il pas seulement "un signe fort" adressé aux électeurs de juin prochain, un message signifiant aux français que Jacques Chirac va prendre personnellement en main, leur principale préoccupation : la sécurité?
La réponse ne nous sera sans doute pas donnée avant le 9 juin prochain et les français vont devoir accorder leur confiance à un gouvernement dont on ne sait pas encore si ces visites sur le terrain, ces séminaires, ces réunions, ces reprises de dialogue, sont des effets médiatiques à portée électoraliste ou les signes d'une véritable volonté de transformation qui porteront leur fruit.
En attendant, il ne nous reste qu'à espérer pour notre pays et pour notre République que toute cette agitation gouvernementale soit sincère et que des changements et des résultats soient vraiment sensibles "sur le terrain".
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