Retour sur une journée sous pression :
Pour les députés UMP, tout débute à 10 heures
à l'occasion d'un scrutin interne destiné à choisir un candidat unique pour l'obstention du perchoir.
Le choix est purement formel puisqu'il n'y a qu'un candidat officiel. Édouard Balladur, autre
prétendant n'a pas voulu se soumettre à une primaire qui ne lui inspirait pas vraiment confiance.
C'est le Président du groupe, Jacques Barrot qui ouvre la séance insistant immédiatement sur
la nécessaire "cohésion" qui doit prévaloir au sein du groupe majoritaire. Dans la salle,
l'ambiance n'est pas à la franche rigolade. Edouard Balladur prend la parole pour expliquer sa
démarche tout en tentant de « dépassionner sa candidature » soulignant qu'il avait activement
pris part aux campagnes électorales du RPR, entre 1997 et 2002, et qu'il se souciait de « ne pas
rallumer les querelles du passé ». Il juge néanmoins "plus démocratique de se soumettre
directement au vote des parlementaires."
Jean-Louis Debré certain de ses soutiens ne jugera nullment utile de prendre la parole.
Didier Julia favorable à Balladur demande un débat sur l'organisation de ce vote interne à l'UMP.
Jacques Barrot lui oppose une fin de non-recevoir et
invite les députés à passer au vote en ayant bien soin de les rappeler à leur devoir, insistant une
fois encore "sur la nécessaire cohésion d'un groupe nouveau" et précisant qu'il est impérieux
de présenter un candidat investit par l'UMP parce que "la coutume n'autorise pas les débats".
Les bulletins de vote du candidat unique, Jean-Louis Debré sont distribués.
Vers 11h30, le dépouillement est terminé. Jacques Barrot qui ne cache plus sa satisfaction peut
tout à fait solennellement, annoncer les résultats devant une salle quasiment vide. Sur 315 votants,
Jean-Louis Debré recueille 242 voix. Alors, M.Barrot glisse à l'intention de Balladur qui
est absent : « J'espère qu'on l'a bien appelé pour lui donner le résultat ».
Jacques Barrot peut enfin se laisser aller devant les médias révélant tout haut ce
qu'il ne cessait de proclamer tout bas depuis plusieurs jours : "j'appelle les députés
UMP à voter pour le candidat UMP, c'est mon rôle".
A 15 heures, c'est l'ouverture de la séance sous la présidence de Gilbert Gantier(UMP)
qui remplace au pied-levé le doyen d'âge Georges Hage (PC) "victime d'une légère indisposition".
Il annonce les candidatures en présence :
outre, les deux candidats de droite, on trouve une candidate PS (Paulette Guinchard-Kuntsler) et
une candidate PC (Muguette Jacquin).
Jean-Louis Debré semble toujours aussi détendu. Le Premier Ministre et son gouvernement sont assis au premier rang,
seuls Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ne sont pas présents.
Les députés passent alors au vote.
A 17h30, les résultats sont enfin connus : il y aura un second tour.
M.Debré est largement en tête et recueille 217 suffrages.
M.Balladur : 163 devant le PS :140 et 21 pour le P.C.
L'ancien Premier Ministre, un peu déçu annonce aussitôt qu'il retire sa candidature mais Jean-Louis Debré
fait lui aussi la grimace. Les résultats montrent qu'il n'a pas fait le plein des voix.
Par rapport au vote de la matinée, 25 députés ont fait de la résistance, n'ont pas suivi les consignes données
et ont porté leur suffrage sur le candidat de droite non investi par l'UMP. Les balladuriens sont quant à eux
très satisfaits de ce résultat. Près de 40% des députés de droite sont remarquent-ils de tendance balladurienne.
Quant à l'UDF qui observe le tout, les sourires se font moqueurs. Leur Président Hervé Morin n'hésitant pas
à dénoncer "la capolarisation de "l'UMP".
C'est en fin de soirée que l'on connaîtra le résultat définitif de ce srutin :
Jean-Louis Debré l'emporte à la majorité absolue avec 342 voix contre 142 à la candidate socialiste et 21 voix pour
la candidate communiste.
Jean-Louis Debré devient le neuvième Président de l'Assemblée Nationale. Il monte à la tribune pour une courte
allocution non sans avoir été félicité par Jean-Pierre Raffarin.
Le nouvel élu rejoint ensuite son prédecesseur, Raymond Forni (PS) pour une brève passation
de pouvoir qui conclura une journée bien monotone et largement ennuyeuse.