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Vendredi 5 décembre 2003
Samia.A
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Ce n'est pas la première fois que Georges Courtois comparaît devant une cour d'assises. A 56 ans, l'homme a déjà passé plus de 35 ans derrière les barreaux.
Dans le box, il n'est pas seul, Michel Dumez et Fabrice Bloyer l'accompagnent.
Les trois hommes sont renvoyés devant les jurés de Nantes pour " tentative de vol à main armé " ; Michel Dumez et Georges Courtois sont jugés en état de " récidive légale ".
Les faits reprochés remontent à février 2002, lorsque les trois hommes complètement ivres attaquent une supérette nantaise. L'employé du magasin parvient à mettre ses agresseurs en fuite. Selon sa déclaration, il reçoit un coup de crosse qui le blesse à l'arcade sourcilière.
Mercredi soir, l'avocat général, Christian Dreux avant de requérir 7 années de réclusion criminelle, dresse un portrait peu reluisant de Georges Courtois qu'il qualifie de : " fainéant, de délinquant médiocre, manquant de talent, de pseudo-intellectuel".
Une description que son avocat Maître Yvon Trebern va tenter d'adoucir lors des plaidoiries de jeudi matin, préférant de son côté évoquer, une enfance douloureuse et cruelle qui dès 14 ans conduit le jeune garçon en maison de correction. Ce " gamin qui aimait lire" n'avait aucune "vocation de voyou" s'exclame Me Trebern. Ce sont les circonstances qui vont en décider autrement. Ainsi, à 17 ans, il commet son premier délit en volant une voiture pour s'échapper de ce que l'avocat nomme " un bagne pour enfants ".
Puis, c'est l'engrenage mais soulgine l'avocat, la majeure partie des condamnations de M.Courtois le sont pour des vols simples.
C'est à 41 ans que son client bascule. En 1985 alors qu'il comparaît pour un hold-up au palais de justice de Nantes, avec des complices, il prend en otage des magistrats, des jurés, des journalistes. Interpellé, il écope de 20 ans d'emprisonnement.
Malgré ce lourd passé, Maître Trebern, estime que les faits reprochés aujourd'hui à son client ne méritent pas une qualification criminelle. Il relève qu'habituellement dans la ville de Nantes, ce type d'agression est déclassé en " vol avec violence ", un simple délit punissable d'un à 3 ans d'emprisonnement.
Pendant les débats, l'avocat va tenter également, de minimiser l'agression plaidant que celle-ci n'était nullement virulente puisque un homme seul est parvenu à mettre les agresseurs en fuite. Pour Me Trébern, il ne s'agit nullement d'une tentative de meurtre mais plutôt d'une virée de trois hommes complètement ivres. D'ailleurs, souligne-t-il, Michel Dumez et Georges Courtois connaissent ce magasin puisqu'ils en sont des clients réguliers. C'est Fabrice Bloyer explique-t-il encore, qui a eu l'idée de cette " petite sortie ". Quand celui-ci est ivre, il a le vin mauvais et c'est pour le protéger de lui-même que ses deux amis ont décidé de l'accompagner.
Les jurés ne vont pas se satisfaire de ces explications et les peines prononcées sont lourdes, plus sévères même que celles réclamées par l'avocat général :
Fabrice Bloyer primo-délinquant est condamné à 5 ans de prison dont 3 fermes . Le parquet avait requis à son encontre, trois ans de prison.
Pour Georges Courtois, la peine est de 10 ans de prison, pour Michel Dumez, elle sera de 6 ans. Le ministère public avait réclamé à l'encontre de ce dernier 7 ans de prison , soit la même peine que Georges Courtois.
A l'énoncé du verdict, Maître Trebern est sonné : "C'est une peine d'élimination", dénonce-t-il avant d'annoncer que son client allait interjeter appel : " Il n'a plus rien à perdre " toutefois précise l'avocat "On peut s'interroger sur l'influence éventuelle, sur les jurys populaires, de ce que d'aucuns appellent aujourd'hui l'effet Sarkozy" avant d'ajouter "Combien de fois ( mon client) devra-t-il payer pour cette prise d'otages ?", qui est " l'unique comportement dangereux qu'on lui ait jamais reproché ".
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