La journaliste italienne et l'éditeur PLON
étaient assignés devant le tribunal par trois associations anti-racistes :
le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) qui demandait l'interdiction
de l'ouvrage, la LICRA (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme) et la LDH (Ligue des droits de
l'Homme) qui réclamaient l'insertion d'un avertissement aux lecteurs stipulant :
"qu'il ne faut pas confondre islamistes et musulmans".
De multiples erreurs de procédure
Lors de l'audience du 9 octobre dernier, les trois associations en multipliant les erreurs
de procédure rendaient l'action en justice très aléatoire.
Dans son jugement, la chambre de la presse du Tribunal de Grande Instance de Paris en a
relevés plusieurs : ainsi, les associations n'ont pas assigné Oriana Fallaci et son éditeur
Plon dans les formes prévues par le droit de la presse. Ils n'ont notamment pas cité la journaliste à
la bonne adresse, ni formulé correctement les faits pour laquelle ils la poursuivaient,
une citation n'était pas retranscrite correctement.
Des erreurs énormes pour des associations qui n'en sont pas à leur premier procès.
Sans se prononcer sur le fond de l'affaire, le tribunal a donc annulé toute la procédure.
"La justice a rendu un jugement qui brouille les cartes. Qu'on le veuille ou non (...), cette
décision absout les déclarations abominables d'Oriana Fallaci.
Il y a un vrai débat. Je pense que cette décision n'aide pas au combat
contre cette forme nouvelle et toléré de l'islamophobie", a regretté le président du MRAP,
Mouloud Aounit.
Pour l'avocat de la LICRA, Me Charles Korman, la décision rendue mercredi par le tribunal
interdit toute nouvelle procédure contre le livre. En matière de presse et d'édition, les plaintes
ou assignations doivent être déposées dans un délai de trois mois après la publication de
l'article ou de l'ouvrage incriminé or «La Rage et l'Orgueil» a été publié en mai 2002.
Les défenseurs d'Oriana Fallaci étaient quant à eux très satisfaits.
Pour Maître Christophe Bigot, face à une procédure "bancale", la décision du tribunal est
tout à fait "logique".
"Est-ce-que cet ouvrage a dépassé les limites de la liberté d'expression ?
Le tribunal n'a pas tranché. Oriana Fallaci, elle, se moque de gagner sur la forme
ou sur le fond dans la mesure où elle considère que soumettre ce débat à un tribunal,
c'est déjà se tromper de tribune", a-t-il déclaré au micro de l'AFP.
Si les associations déplorent la décision du tribunal correctionnel,
on ne peut s'empêcher de se demander si cette polémique n'a pas amplifié
le succès de cet ouvrage qui s'est très bien vendu en France : plus de 100 000 exemplaires.
En aurait-il été de même sans ce procès? La question reste posée!!!