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JUSTICE
Oriana Fallaci :
celle par qui le scandale arrive


Suite aux attentats du 11 septembre dernier, la journaliste italienne Oriana Fallaci a écrit un livre scandale "La rage et l'orgueil" à l'intention des Italiens et des Européens dans lequel l'auteur s'en prend aux «fils d'Allah» qui «se multiplient comme des rats». Publié en Italie fin 2001, son livre s'est vendu à près d'un million d'exemplaires. En France, l'ouvrage est en librairie depuis le 23 mai et c'est PLON qui édite cette traduction distribuée à 45 000 exemplaires.
Trois associations ont saisi le juge des référés : le MRAP pour demander l'interdiction du livre; la Ligue des droits de l'homme et la Licra, pour obtenir l'insertion d'un avertissement au lecteur en tête de l'ouvrage insistant sur le fait qu'«il ne faut pas confondre islamistes et musulmans.» Les avocats de l'auteur et de la maison Plon ont dénoncé de leur côté, une tentative de censure.



Samedi 22 juin 2002.

Francis Lemaire



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«Je n'ai aucune intention d'être punie à cause de mon athéisme par les fils d'Allah. C'est-à-dire par des monsieurs qui, au lieu de contribuer au progrès de l'humanité, passent leur temps avec le derrière en l'air, à prier cinq fois par jour !» souligne encore Ariana Fallaci.

 

Force est de constater que dans son petit livre rouge, la journaliste se laisse aller volontier à une généralisation facile. "Les Occidentaux aveugles n'ont qu'à écouter leurs hosannas au Dieu-miséricordieux-et-coléreux, leurs braillements Allah akbar-Allah akbar. Djihad-Guerre sainte-djihad. De simples franges extrémistes. Des simples minorités fanatiques ? Non, mon cher, non. Ils sont des millions et des millions, les extrémistes. Ils sont des millions et des millions, les fanatiques".

La journaliste italienne y affirme également, la supériorité de la culture occidentale à qui elle rend un véritable hommage : «Si je suis vivante aujourd’hui, c’est bien grâce à notre science, et non à celle de Mahomet». Pour l'auteur, cela ne fait aucun doute, derrière la culture musulmane, il n'y a rien : «derrière l'autre culture, la culture des barbus avec la tunique et le turban, qu'est-ce qu'on trouve ? Cherche et recherche, moi je ne trouve que Mahomet avec son Coran, Averroès avec ses mérites d'érudit et le poète Omar Khayyâm».».

Ben Laden souligne-t-elle, n'est que le résultat de cette civilisation aveugle et enfermée : il n'est que le «sommet» d'une «montagne» qui "depuis mille quatre cents ans ne bouge pas, ne sort pas des abîmes de sa cécité, n'ouvre pas les portes aux conquêtes de la civilisation, ne veut pas entendre parler de liberté et justice et démocratie et progrès."
Selon, Mme Fallaci, une croisade a été lancée contre l'Occident :
«Vous ne vous rendez pas compte que les Oussama ben Laden se jugent autorisés à vous tuer, vous et vos enfants, parce que vous buvez du vin et de la bière, parce que vous ne portez pas la barbe longue ou le tchador, parce que vous allez au théâtre et au cinéma, que vous écoutez de la musique et de la chansonnette […]»

Ses propos sur les immigrés sont aussi tendancieux et ils ne sont pas épargnés :
Ainsi, les sans-papiers Somaliens installés à piazza del Duomo, à Florence dans des camps de fortune face à la superbe cathédrale italienne, sont ainsi décrits :
avec des «matelas pour dormir et baiser, des fourneaux pour cuire la nourriture, empester la place avec la fumée puante», les «braillements d'un muezzin» et «pour accompagner tout ça, les dégoûtantes traces d'urine qui profanaient les marbres du baptistère (parbleu ! ils ont la giclée bien longue, ces fils d’Allah ! […] En plus de cela, les miasmes nauséabonds des excréments déposés à l'entrée de San Salvatore al Vescovo : l'exquise église romane (XIe siècle) qui se trouve derrière la piazza del Duomo et que ces barbares avaient transformée en chiottes».

Le référé.

Le Mrap, La Ligue des droits de l'homme et la Licra ont donc saisi le juge des référés du tribunal de Paris. Le Mrap pour obtenir l'interdiction du livre; la Ligue des droits de l'homme et la Licra pour demander l'insertion d'un avertissement au lecteur en tête de l'ouvrage qui insisterait sur le fait qu'«il ne faut pas confondre islamistes et musulmans».

Pour Maître Hacen Taleb, l'avocat du Mrap, cette prose est basée sur une «logique de la haine», qui reproduit «la méthode de la littérature antisémite de la fin du XIXe siècle aux années 30».
Si l'auteur, Céline parle de «l'invasion youtre», Fallaci écrit «ils sont partout».
«Ça ne vous rappelle rien ?» interroge l'avocat pour qui cet ouvrage n'est rien d'autre qu"un appel à une guerre totale contre tous les musulmans", un livre "raciste" qui constitue une provocation à la haine raciale. Dans son ouvrage, Oriana Fallaci ne fait que « déshumaniser les musulmans » et « appelle pratiquement à leur élimination physique ».
L'auteur n'est pas présente à l'audience, mais considère comme « un honneur d'être ainsi attaquée » mais ne veut pourtant « pas avoir l'air de se justifier".
Elle s'est toujours défendue cependant d'être raciste : «Un mot totalement inapproprié, puisque ce que je dis regarde une religion, pas une race»
Alors, l'avocat du Mrap de citer de nombreux extraits de ses propos :
- des extraits qui dépasse largement le cadre religieux: « A mon avis il y a quelque chose dans les hommes arabes qui dégoûte les femmes de bon goût. »
- des extraits aussi, à propos du Coran qui «autorise le mensonge, la calomnie, l'hypocrisie», le livre d'une «religion qui n'a sûrement pas contribué à l'histoire de la Pensée» et qui «dans ses côtés les plus acceptables est un plagiat de la religion chrétienne et de la religion judaïque ainsi que de la philosophie hellénique».
- d'une guerre sainte qui vise uniquement :"«à la disparition de notre liberté et de notre civilisation, à l'anéantissement de notre façon de vivre et de mourir».
- Ainsi écrit-elle, espérer raisonner avec «ces fils d'Allah» est chose totalement «impensable». et «Les traiter avec indulgence ou tolérance ou bien espoir, un suicide. Et quiconque croit le contraire est un pauvre con».
Ce livre constate l'avocat du Mrap "divise l'humanité en deux : le monde occidental civilisé et les musulmans qui empêchent les autres de vivre en paix", et il n'a d'autre but que de discréditer tous les musulmans en les assimilant à des terroristes.
Et l'avocat d'évoquer les "délires transgressifs" d'une femme pour qui les imams ne sont que des «bouchers», des «équarrisseurs de veaux». «Je n'ai aucune intention d'être punie à cause de mon athéisme par les fils d'Allah. C'est-à-dire par des monsieurs qui, au lieu de contribuer au progrès de l'humanité, passent leur temps avec le derrière en l'air, à prier cinq fois par jour !» souligne encore Ariana Fallaci.
Pour Me Hacen Taleb, ces propos sont :« d'une violence que nous rencontrons rarement.»
Les avocats de la Licra et de la Ligue des droits de l'homme dénoncent l'« amalgame » fait par Mme Fallaci qui voudrait confondre « le terroriste, l'islamiste et le musulman ».
Pour Me Patrick Baudoin de la Ligue des droits de l'homme : « On en arrive à ce que tous les musulmans soient des êtres abjects ! »
Son confrère Charles Korman pour la Licra s'insurge contre les provocations d'Ariana Fallaci qui assimilent les défenseurs des droits de l'homme à « des émasculés amis de l'islam » soulignant qu'aujourd'hui, il serait plus utile d'« éviter que des communautés se jettent les unes contre les autres ». Cependant, au contraire du Mrap et de sa demande d'interdiction, les deux associations estiment que l'insertion par l'éditeur d'un avertissement serait suffisante pour mettre en garde le lecteur.

En face c'est évidemment, le droit à la liberté d'expression qui est mis en avant et le spectre de la censure qui est agité.
Pour Me Gilles-William Goldnadel, l'avocat de Mme Fallaci, cette femme qui est une "grande journaliste, grande résistante et grand écrivain», n'est rien qu'«une femme blessée, traumatisée par le 11 septembre».
Vivant depuis 10 ans à New-York, elle a vu les tours s'éffondrer, ces corps tomber dans le vide. Très choquée, elle commença à écrire ce qui deviendra un article pour un journal italien puis un livre.
Alors oui, s'exclame son avocat, «elle se refuse à la moindre précaution, à la moindre concession (...) se refuse à prendre une assurance contre le politiquement correct et le terrorisme intellectuel ». »,
oui, elle fait preuve d'«un anti-islamisme primaire rageur»
oui, ce livre est «une imprécation anti-islamique»,
oui, elle considère que «le nouveau fascisme n'est pas brun, pas rouge mais vert »,
mais, s'insurge-t-il, «c'est un mensonge de dire que Fallaci a voulu viser l'ensemble des musulmans, dans son esprit, les fils d'Allah sont les terroristes intégristes».
Me Bigot, un autre avocat de la défense souligne quant à lui, l'ampleur du débat que ce livre a suscité en Italie et demande qu'il «se poursuive dans les médias non devant un juge»,
car dans ce livre, il n'est question que «d'un débat d'opinion».
Puis il livre cette interrogation en forme de conclusion :
"Est-ce que la France est, en Europe, l'îlot d'intolérance où ce type de débat ne peut pas avoir lieu?" interroge-t-il.
Et les avocats de la défense d'invoquer la liberté d'expression. "La Ligue des droits de l'Homme milite pour que les droits de Moussaoui (mis en cause dans les attentats du 11 septembre, NDLR) soient respectés, et milite pour la censure de Mme Fallaci", a ironisé Me Goldnadel. Ma cliente a le droit de publier son opinion et de critiquer les fondamentalistes conclut-il.
Le parquet estime quant à lui qu'«un débat d'idées est nécessaire» et que les propos tenus par Ariana Fallaci constituent «incontestablement un amalgame inadmissible» mais que toutefois «l'interdiction provisoire, dans l'attente d'une décision sur le fond, n'aurait pas de sens» Le parquet souhaite néanmoins que le dossier soit renvoyé devant le tribunal correctionnel pour que soient examinées au fond les accusations de « provocation à la haine raciale ».
Mais en attendant, comme la Ligue des droits de l'Homme et la Licra, il s'est dit favorable à l'insertion d'un avertissement dans les livres.

Vendredi, le juge des référés a décidé de ne pas prendre de mesure d'interdiction provisoire. Ce "juge de l'urgence et de l'évidence" n'a pas vu l'évidente nécessité d'une mesure d'interdiction en attendant le jugement au fond puisque l'ouvrage est depuis longtemps en vente en France comme à l'étranger. Il faut savoir qu'il est très rare qu'un livre soit interdit dans une procédure de référé. Elle n'a été prononcée qu'une fois en dix ans pour "violation du secret professionnel". En l'espèce, il s'agissait d'un livre publié là aussi, chez Plon en 1996, "Le Grand Secret". Le docteur Claude Gubler y faisait des "révélations" sur l'état de santé de François Mitterand dont il était le médecin personnel.

Ce sont donc les juges du fond qui devront dans quelques semaines, décider de l'interdiction définitive du livre. La prochaine audience a été fixée au 10 juillet. Pour le moment donc, La rage et l'orgueil restera en librairie.

La polémique n'est cependant pas près de s'éteindre puisque jeudi, le Centre islamique de Genève(Suisse) a intenté lui aussi, une action judiciaire.
Affaire à suivre ....

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