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JUSTICE
Michel Houellebecq relaxé

Le tribunal correctionnel de Paris a suivi les réquisistions du parquet et a rejeté les demandes de la Société des habous et des lieux saints de l'islam, de l'Association rituelle de la grande mosquée de Lyon, de la Fédération nationale des musulmans de France, de la Ligue islamique mondiale et de la Ligue des droits de l'Homme.


Jeudi 24 octobre 2002

Var Idrissa

Mis en ligne le : 28/10/2002

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Me Jean-Marc Varaut - pour la mosquée de Paris

 
"Outrager le Coran, c'est outrager l'islam."

 

Ce sont des propos tenus par Michel Houellebecq au magazine Lire qui lui avait valu d'être poursuivi par des associations pour "complicité de provocation à la haine raciale et injure raciale en raison d'une appartenance religieuse". Dans un entretien, l'écrivain avait déclaré que : "La religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré". Il avait également estimé que depuis son apparition, cette religion était "dangereuse".

Le droit à la critique religieuse

Lors de l'audience du 17 septembre dernier, l'écrivain avait nié avoir une quelconque aversion pour les musulmans mais avait revendiqué son "mépris pour l'islam" et son droit à critiquer les religions monothéistes : "La Bible a plusieurs auteurs, certains géniaux, certains nuls à chier, le Coran en a un seul plutôt médiocre (...) Les textes fondamentaux monothéistes ne prêchent ni la paix, ni l'amour, ni la tolérance. Dès le départ, ce sont des textes de haine", avait-il précisé à la barre. Le ministère public avait réclamé la relaxe estimant que les propos tenus par Michel Houellebecq visaient l'islam et non les musulmans. La procureure Béatrice Angelelli avait également considéré que les magistrats n'étaient "pas là pour dire ou faire la morale mais pour sanctionner une responsabilité pénale".

Le terme "con" ne visait pas les musulmans

Dans leur jugement, les magistrats de la 17ème chambre correctionnelle ont estimé que les propos tenus par l'auteur de Plateforme n'étaient "sans doute pas caractérisés, ni par une particulière hauteur de vue, ni par la subtilité de leur formulation" mais ils n'y ont vu aucun délit mais plutôt la critique "d'un système de pensée".
Le terme "con" employé dans l'entretien ne visait pas les musulmans et même s'il avait "une connotation outrageante ou à tout le moins méprisante", il s'adressait à toutes religions.
"Ce propos ne renferme aucune volonté d'invective, de mépris ou d'outrage envers le groupe de personnes composé des adeptes de la religion considérée", ont estimé les magistrats qui ajoutent que la critique des textes anciens "n'est pas en elle-même constitutive d'une injure et ne peut en tout état de cause viser les musulmans d'aujourd'hui".
Les juges ont estimé que si l'auteur exprime "de la haine" envers l'islam, il ne le fait pas envers les musulmans : "Ecrire que l'islam est la religion la plus con ne revient nullement à affirmer ni à sous-entendre que tous les musulmans devraient être ainsi qualifiés. Ce propos ne renferme aucune volonté d'invective, de mépris ou d'outrage envers le groupe de personnes (...) considéré", relève le jugement.

Une mauvaise connaissance de l'islam

Les avocats des associations se disent déçus par la décision de la 17ème chambre correctionnelle de Paris. Maître Jean-Jacques Varaut, l'avocat de la mosquée de Paris a fait part de son intention d'interjeter appel. "Cette décision semble inspirée par une mauvaise connaissance de l'islam car on dit qu'injurier le Coran ne serait pas porter atteinte à la communauté musulmane. Dans une société où le privé et le public ne sont pas distingués, (...) outrager le Coran, c'est outrager l'islam", a-t-il déclaré aux journalistes. Par contre, Maître Emmanuel Pierrat, le défenseur de Michel Houellebecq était très satisfait : "Je constate avec beaucoup de satisfaction que le délit de blasphème n'a pas été restauré en droit français. Le tribunal a reconnu le principe de liberté d'expression" a-t-il relevé.

L'écrivain qui vit en Irlande n'était pas présent lors du jugement. A l'audience, il avait reçu le soutien de plusieurs écrivains et journalistes et notamment de Salman Rushdie qui dans un journal britannique avait pris sa défense en estimant que "dans ce procès, les deux parties avaient déjà perdu. La réputation de Michel Houellebecq a été compromise et ses adversaires islamiques sont apparus, une fois encore, comme des opposants à la liberté de parole".
Quant à l'auteur de Plateforme, qui risquait jusqu'à un an de prison et 45 000 euros d'amende, il avait déclaré en septembre dernier : "Les médias, pour moi, c'est fini".

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