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BILLET PSY...
Du bénéfice pour un candidat de "traîner des casseroles".
Balkany à Levallois, Mellick à Béthunes, Dominique Strauss-Kahn à Sarcelles,
Juppé à Bordeaux, Tibéri dans son 5ème arrondissement, ils sont tous réélus.
Philippe Seguin a raison de parler de "prime à la casserole", car condamnés ou pas,
ils sont souvent réhabilités par le suffrage universel. Force est de constater que les scores réalisés
par les "Chevaliers blancs" ou les "Monsieurs propres" de la politique sont assez decevants.
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Jeudi 26 septembre 2002
Aurore Mercier
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Alors comment expliquer que les français qui dans les enquêtes d'opinions hurlent contre la
corruption, votent néanmoins pour des corrompus ou tout au moins soupçonnés de l'être.
Plusieurs raisons peuvent être soulevées parmi lesquelles :
la personnalité de l'élu, sa présence sur le terrain ainsi que
sa victimisation médiatique et politique.
En premier lieu, ce que nous pouvons remarquer, c'est que "le corrompu" est doté
le plus souvent
d'un énorme charisme et d'une forte personnalité.
Extraverti le plus souvent, très à l'aise avec
tout le monde, sûr de lui,
il offre un visage rassurant et en apparence, paraît
solide et inébranlable.
Cette force de caractère, cette énorme personnalité se fondent peu à peu avec le paysage
de la ville. Le "corrompu" et sa ville semblent ne faire plus qu'un, ils sont quasiment
indissociables.
En second lieu, une présence bien réelle. Qu'on le taxe de démagogie ou de populisme,
force est de constater que le plus souvent
"le corrompu" occupe physiquement le terrain mais pas n'importe comment, il sait y faire :
paraissant être à l'écoute, disponible, il sait caresser dans le
sens du poil, offrir des colis, intervenir pour des questions de logement, d'emploi
pour obtenir des secours, des aides aux personnes démunies...
Bon-vivant, il n'hésite pas non plus à faire les bistrots si nécessaire.
Le "corrompu" est souvent accusé de clientélisme,
mais cela n'est-il pas inhérent à toute relation
de proximité?
Plus le citoyen voit son élu, plus il le rencontre, mieux il le connaît
et plus, il pourra solliciter son aide en cas de coup dur.
Et c'est là son point fort, car il sait aussi parfaitement utiliser les faiblesses
de notre bonne vieille administration française:
les administrés se sentent souvent impuissants, perdus face à cette immense machine.
Leur dossier n'avance pas, il est bloqué...Ils ne
parviennent pas à savoir ce qu'il faut faire. Ils connaissent mal leur droit, ignorent
ce à quoi ils peuvent prétendre...
Ils se retournent alors vers le "corrompu" qui tel une bonne fée, va parvenir à débloquer
la situation, à leur obtenir
telles ou telles aides.
L'astuce étant bien entendu de faire croire que le citoyen a bénéficié d'une faveur,
d'une largesse
et non de son simple droit.
Et cette bienveillance créée une obligation de remerciement, un retour d'ascenseur
surtout si l'électeur reste convaincu intimement qu'il a bénéficié d'un passe-droit qui fait
de lui le détenteur d'une sorte de secret méritant une discrétion absolue.
Son "a priori" restera favorable et on ne voit pas pourquoi d'ailleurs, il ne le serait pas.
Et enfin, ce que l'on peut s'apercevoir c'est que lorsque "le corrompu" est confronté à
quelques soucis d'ordre judiciaires, le citoyen assiste devant son petit écran
à un véritable
lynchage médiatique et politique telles qu'il
finit par apparaître non plus comme un délinquant en col blanc
mais plutôt comme une véritable victime : abandonné par son parti politique, par
ses amis, dénigré violemment par ses opposants...
A côté de cette mise à mort, l'électeur veut conserver le dernier mot et surtout ne pas
hurler avec les loups. L'hallali, ce n'est pas trop son truc à l'électeur!
Dés lors, le remplaçant, le "Monsieur Propre" de la politique n'aura pas la place facile.
Il risque d'abord d'apparaître comme un opportuniste qui profite de la situation,
de la faiblesse
de l'autre, ce que les français n'apprécient pas du tout.
Et puis, "le chevalier blanc" semble toujours plus fade que "le corrompu"
dont l'ombre plâne encore et toujours sur la ville.
A un point tel que l "honnête personne" paraît toujours plus ennuyeuse,
plus insipide.
Ainsi, les comparaisons vont bon train car si le "remplaçant" semble avoir un caractère
moins trempé, sera-t-il aussi capable que l'autre?
"Le corrompu" n'était sans doute pas un saint, mais
il était toujours là et puis un type comme lui connaît toutes les ficelles. Et les
électeurs finiront sans doute par se demander
s'il ne vaut pas mieux
"Un ripoux efficace" "qu'un "incorruptible bon à rien".
Quand ses intérêts sont en jeu, le françai préfère plus l'efficacité
quelqu'elle soit,
que les principes démocratiques et moralisateurs.
Le petit nouveau partira donc avec un sérieux handicap.
Et peu à peu, l'acte du "corrompu" sera minimisé, banaliser, voire nier:
"Il fait comme tout le monde, il s'arrange avec la loi ou encore, ils font tous cela!"
Alors cela signifie-t-il que l'électeur a perdu toute illusion sur les hommes politiques?
Lui seul possède la réponse!
Mais pour conclure, force est de constater que les élus locaux qui possèdent
la trempe nécessaire deviennent souvent plus puissants que leur propre parti politique.
Ainsi, il n'est pas rare que l'électeur privilégie "le corrompus" sur "le labellisé".
Mais quoiqu'il en soit, les "monstres sacrés" ont encore de beaux jours devant eux car
la décentralisation en leur donnant encore plus de pouvoir, risque d'amplifier ce
phénomène.
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