La vie tente de s'organiser dans la petite église de 200 M2 mais les réfugiés ne possédant pas de vêtements propres et l'hygiène étant déplorable, plusieurs cas de gale ont déjà été dépistés.
Un gymnase a été mis à disposition par la mairie pour permettre à ces hommes de prendre une douche.
J'ai honte d'être français
L'abbé Boutoille s'est dit indigné du traitement réservé aux réfugiés :
"On trouve des toits pour des animaux mais on reconduit à la frontière, dans des conditions indignes
et inhumaines, des Kurdes et des Irakiens. C'est honteux, j'ai honte d'être Français,
je suis atterré par cette République, qui oublie la dignité et la fraternité" a-t-il déclaré
avant de lancer un appel à ses paroissiens pour les inciter à donner de l'argent, des vivres et
des vêtements.
L'évêque auxiliaire de Lille, Monseigneur Jean-Luc Brunin a dénoncé lui aussi la politique
du gouvernement :
"Il ne suffit pas de fermer Sangatte et de dire que le problème n'existe plus.
C'est comme casser le thermomètre et dire que la maladie a disparu.
L'Église ne laissera pas seuls des gens en détresse morale et en misère sociale"
a-t-il expliqué à la presse.
Quant aux élus, ils réclament une audience au ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy pour
connaître la façon dont l'état allait gérer l'afflux de clandestins dans les rues de Calais et
du Calaisis.
Mais le très populaire ministre de l'intérieur a réaffirmé samedi, sa décision de ne plus accueillir
de nouveaux réfugiés au centre de Sangatte.
"Il faut envoyer un signal, un signal au monde entier, pour dire que ce n'est plus la peine de venir
dans ce hangar du bout du monde parce qu'il n'y a pas d'avenir pour vous dans ces conditions",
a-t-il déclaré avant de souligner qu'"il existe dans le Pas-de-Calais toutes les structures humanitaires
mises en place par le préfet et par l'Etat, de façon à ce que personne ne dorme dans la rue".
En tout état de cause, il ne saurait être question d'ouvrir un Sangatte bis.
Les propositions du gouvernement
Arrivé sur place dans l'après-midi, le préfet du Pas de Calais, Cyrille Schott s'est adressé
aux 117 réfugiés présents les invitant à quitter l'église de Calais :
"il n'y a pas de raison que vous restiez dans cette église qui n'est pas un lieu prévu pour cela.
Vous ne pouvez pas rester ici, je vous propose un toit.
Si vous le souhaitez, vous pourrez dormir au chaud ce soir" leur a t-il expliqué
avant de leur exposer les dernières solutions proposées.
Ces dernières montrent que face aux pressions locales et associatives, le gouvernement français
a décidé de faire un geste
puisqu'il accepte dorénavant, de prendre en charge tous les refoulés de Sangatte,
y compris ceux qui ne désirent pas déposer de demande d'asile en France.
Selon qu'ils choisissent ou non de déposer une demande d'asile, les réfugiés auront le choix entre
deux types d'hébergement :
les centres d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) répartis sur tout le territoire
et des centres d'hébergement et de réinsertion sociale à l'extérieur du département du Pas de Calais.
Dans ce cas, ils disposeront d'un délai de réflexion de cinq jours pour choisir ou non de déposer
un dossier.
Le préfet a également prévu que des cars viendraient chaque soir devant la mairie pour conduire
les nouveaux arrivants, dans un centre d'hébergement où ils disposeront du même délai de réflexion.
"J'ai un certain nombre de places dans toute la France, certains pouvant même être logés
dans des hôtels ou des foyers Sonacotra", a ajouté M. Schott.
Il n'a cependant pas voulu préciser leur localisation mais s'est engagé à communiquer les adresses pour que les associations
puissent leur apporter toute l'aide nécessaire.
Le maire de Calais et les représentants de l'église se montraient satisfaits
des propositions de la Préfecture:
"Le premier problème, qui était de ne pas laisser des gens dans la nature est réglé.
C'est une victoire pour tous ceux qui croient en l'humain. L'Etat a été obligé d'agir
sous la pression des associations et des élus" s'est félicité Jacky Hénin,
le maire communiste de Calais.
Par contre, le collectif d'associations exprimait sa colère et parlait d'évacuation déguisée,
dénonçant la volonté du gouvernement d'éloigner les refoulés de Sangatte des associations humanitaires.
"On nous met la pression, on ne nous laisse pas le temps d'expliquer ce qu'est le droit d'asile",
regrettait Mickaël Dauvergne, de l'association "La belle étoile".
"C'est une mesure clairement faite pour disperser les gens et annoncer que le problème
est réglé à Calais. Ce sera plus difficile pour les bénévoles pour les aider à exercer
leurs droits" a estimé une responsable du GISTI, Violaine Carrère.
Suite à la proposition du gouvernement, des dizaines de réfugiés ont préféré
s'évaporer dans la nature.
32 migrants seulement, ont accepté les propositions de la préfecture.
Le soir même, ils ont été conduits dans des CADA situés en région parisienne.
Dimanche soir, il restait encore près de 120 personnes dans l'église Saint Pierre Saint Paul et l'abbé
Jean-Pierre Boutoille espérait obtenir l'accord de la préfecture pour que les réfugiés encore
présents puissent passer une autre nuit au chaud, dans l'église.