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LE CENTRE DE SANGATTE
La fermeture du Centre de Sangatte

Jeudi 26 septembre, lors d'une ultime visite conjointe à Sangatte, le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy et son homologue britannique David Blunkett ont annoncé la fermeture définitive du centre de la Croix Rouge pour la fin du mois d'avril 2003.


Dimanche 22 septembre 2002.

Manuel Rodriguez


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"Il va de soi que nos deux pays s'engagent à accueillir tous ceux que le HCR désignera comme de véritables réfugiés politiques", a déclaré Nicolas Sarkozy.

 

Lors d'une visite conjointe dans le Pas de Calais, les deux ministres qui se sont déjà rencontrés à deux reprises, ont fermement réaffirmé leur volonté de fermer le Centre de Sangatte.
Le centre de Sangatte ©  FidèsCe centre de la Croix Rouge situé dans le Pas de Calais accueille encore environ 2000 candidats à l'exode vers la Grande Bretagne. Nicolas Sarkozy a précisé qu'aucun nouveau venu ne sera reçu à partir du 15 novembre et que le centre fermerait définitivement ses portes au plus tard, à la fin du mois d'avril.
Il a indiqué en outre qu'une dizaine de membres du HCR (Haut Comité aux Réfugiés de l'ONU) vont interroger et identifier les 2000 résidents du centre qui se verront remettre une carte d'accès :
"Nous allons recenser toutes les personnes qui fréquentent le centre. Ce travail commencera dès demain et se traduira par l'octroi d'une carte à chacun de ceux qui s'y trouvent. Il se fera sous la responsabilité de la Croix-Rouge, puis du HCR."
Lors de ce recensement, les Afghans seront séparés des Kurdes. Les Kurdes seront ensuite répartis en trois groupes distincts : syriens et turcs - qui sont expulsables - et irakiens - qui sont non expulsables - "Il va de soi que nos deux pays s'engagent à accueillir tous ceux que le HCR désignera comme de véritables réfugiés politiques", a déclaré Nicolas Sarkozy.

A la suite de ce triage, ceux qui seront expulsables se verront proposer une aide au retour. "Sur les conseils du HCR, nous envisageons d'offrir 2 000 euros par personne, plus 500 euros par mineur accompagné, aux Afghans volontaires au retour, a précisé le ministre français. Il ne s'agit nullement d'un remboursement des sommes qu'ils ont dû payer aux passeurs pour arriver jusqu'ici, mais cela devrait leur permettre de s'appuyer sur un projet économique personnel." Quant aux "réticents", ils seront expulsés vers leurs pays respectifs. Les retours seront assurés par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
"Le projet de fermeture (...) se fera dans les six mois après l'entrée en vigueur du NIA Bill prévue début novembre 2002, c'est-à-dire avril 2003 au plus tard", précise un communiqué conjoint. Le NIA Bill étant la nouvelle loi britannique sur la nationalité, l'immigration et l'asile.

De son côté, David Blunkett a assuré le ministre français que son pays adopterait de nouvelles lois britanniques plus restrictives en matière d'asile. On se souvient que ces lois restrictives était une condition émise par Nicolas Sarkozy pour fermer le Centre. « Mon texte prendra effet à partir du mois de novembre. Je ne vois pas quel parti politique dans mon pays pourrait prendre le risque de s'y opposer. » a déclaré le ministre anglais. Les Britanniques ont déjà commencé à durcir leur politique d'immigration en abrogeant par exemple, le droit au travail pour les demandeurs d'asile.
Selon le numéro 2 du gouvernement français, l'excellente coopération franco-britannique dans la lutte contre l'immigration clandestine a déjà permis de démanteler "quatre des six mafias de passeurs" qui étaient responsables de l'acheminement des réfugiés vers Sangatte. Dix-sept organisateurs de filières sont d'ailleurs sous les verrous a indiqué le Ministre. De son côté, David Blunket s'est déclaré très satisfait des mesures prises par le gouvernement français pour empêcher l'arrivée de nouveaux clandestins en Angleterre. « Avant, nous comptabilisions plus de huit cents passages par mois. Aujourd'hui, il n'y en a guère plus d'un ou deux » a-t-il déclaré en saluant lui aussi, "l'extraordinaire collaboration" instaurée entre les deux pays.

Nicolas Sarkozy s'est rendu également à la mairie de Sangatte pour y rencontrer habitants et délégations kurdes et afghanes. Les Sangettois semblent être dans l'ensemble satisfaits des mesures prises par le Ministre de l'intérieur et surtout qu'un membre important de la République prenne en compte leur désarroi.
Dans la journée, les deux ministres ont visité le port de Calais et la gare de Frethun afin de constater les moyens mis en place pour empêcher le passage des clandestins avant de rencontrer leur homologue belge, Antoine Duquesne, confronté lui aussi aux tentatives des réfugiés espérant atteindre les côtes anglaises.
Les trois hommes ont signé un accord tripartite de "lutte contre l'immigration illégale et la traite d'êtres humains", et dans lequel ils s'engagent notamment à échanger des renseignements et des "officiers spécialisés de liaison" et à organiser des "opérations coordonnées".

Restent à souhaiter que leurs efforts permettent de tarir les flux de réfugiés pour que la fermeture des portes du Centre le 15 novembre puisse s'effectuer sans problème. A sangatte et à Calais certains en doutent en faisant remarquer que si les accès au tunnel peuvent être facilement contrôlés, il n'en va pas de même des grands ports où de gros camions sont embarqués quotidiennement vers l'Angleterre (1, 5 million par an rien que pour le seul port de Calais).
Quant au hangar, il reste pour l'instant entouré de barbelés. La perspective prochaine de la fermeture du centre de la Croix-Rouge ne parvient pas à décourager les réfugiés qui tentent de gagner l'Angleterre. Ils auraient même plutôt tendance à vouloir accélérer le mouvement. Les autorités en parallèle augmentent les dispositifs de contrôle dans tout le secteur.
Une dizaine de cars de CRS sont stationnés devant les grilles au cas où un mouvement de colère envahirait des candidats au voyage comprenant que leur rêve ne terminerait à Sangatte et que leur nouvelle vie ne se déroulerait certainement pas en Angleterre. Selon les responsables de la Croix Rouge, la situation reste particulièrement "explosive".

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