Le centre de Sangatte est totalement saturé.
La cohabitation entre Afghans, Kurdes, Kosovars, Tchétchènes, Sierra-Léonais, est devenue impossible.
Les bagarres sont quasi quotidienne dans le centre et les problèmes sanitaires de plus en plus difficiles à gérer.
L’atmosphère est de plus en plus tendue, la tension est presque palpable. Les jeunes qui arrivent aujourd’hui dans le centre sont plus durs, plus violents aussi. Le sentiment d’impunité les rend difficilement contrôlable. Des jeunes fragiles qui deviennent malheureusement des cibles parfaites pour la mafia locale.
Le centre d'hébergement de Sangatte est devenu un univers peuplé en majorité d’hommes pour la plupart éreintés par des longues nuits passées à marcher, à fuir pour tenter de franchir la Manche. De nombreuses nuits sans
sommeil qui ne sont pas sans avoir de lourdes répercussions sur la vie du centre.
A bout de fatigue, aigris, ils finissent toujours par se battre.
Un mot, une phrase, un geste, un petit rien peut dégénérer.
Les renforcements des mesures de sécurité ont contribué également à dégrader la
situation; De la sécurité en plus c'est toujours de l'espoir en moins! La perspective de vivre heureux au sein de la Terre Promise s'amenuise.
Le 15 avril, pour la première fois, un clandestin est mort dans le camp. Un Kurde de 25 ans, passeur avéré, a succombé à des blessures à l'arme blanche infligées lors d'une bagarre.
Il y a peu un simple match de football a dégénéré en bagarre générale. Plusieurs centaines d'Afghans et de Kurdes se sont violemment affrontés : résultat une quinzaine de blessés, dont quatre dans un état grave.
Souvent à l’origine de ces violentes bagarres, des réglements de
compte, des rivalités de territoire pour des "points de passage" au terminal fret de la
SNCF à Frethun. Ce site est devenu le point de passage privilégié pour rejoindre
l’Angleterre depuis le renforcement de la sécurité à Eurotunnel.
La détérioration de la situation est cependant très facile à comprendre : étant moins
nombreux à passer, ils sont plus nombreux à attendre. Alors dans le camp, le nombre
de réfugier ne cesse d’augmenter.
Le camp de Sangatte prévu pour 800 personnes en accueille aujourd’hui plus de 1
600!