Question du député UMP André Flajolet
Monsieur le ministre de l'intérieur,
le centre de Sangatte est un vaste hangar où s'échoue une partie
de la misère du monde, bercée d'illusions par des marchands de liberté
certains d'une impunité trop longtemps acceptée.
Vous avez exprimé votre volonté de revenir au droit, à la dignité, au respect des
libertés et de la sécurité de ceux qui sont pourchassés dans leur pays
au nom de leurs idéaux.
Mais on constate aussi sur place le développement de réseaux mafieux, l'externalisation
d'un centre vers d'autres lieux, une précarité grandissante et une exploitation
humaine toujours plus vile. Quelques voix s'élèvent en faveur d'une régularisation
générale qui créerait de fait un nouvel appel d'air.
Après Sangatte, ce sont aussi Cherbourg, Bordeaux, et toute une errance de gens
victimes des réseaux et de notre silence coupable qui trop longtemps a
entretenu mirage ici et sentiment d'impunité là.
Vous avez entamé une démarche courageuse et volontaire, sans pouvoir gommer
des années d'impuissance politique ou d'aveuglement idéologique.
Où en êtes-vous dans vos négociations avec les pays tiers pour l'aide au retour
et dans vos discussions sur une protection de l'espace européen ?
A quand la fin du scandale de Sangatte, de tous les autres Sangatte en puissance,
dans la dignité et le droit ?
Réponse de Nicolas Sarkozy
A Sangatte, il n'y a plus de réseaux mafieux.
Tout le monde est aujourd'hui badgé, pour recenser la diversité des situations
et des nationalités. A partir d'aujourd'hui, nous ne distribuerons plus de badge,
ce qui permettra au HCR de travailler au cas par cas. A titre expérimental, dix Afghans
sont repartis volontairement dans leur pays. Nous verrons avec le HCR
s'il est possible de faire davantage et plus vite.
Si c'était si facile, il ne fallait pas vous gêner pour régler le problème et
ne pas nous le léguer ! Vous avez laissé croupir les gens dans des conditions
inadmissibles à Sangatte ! Aucune leçon n'est donc acceptable de votre part !
Ce mois-ci, nous allons organiser le retour de Roumains en situation irrégulière,
qui vivent dans des conditions déplorables. La vraie générosité ne consiste pas
à aller avec des caméras de télévision dans les bidonvilles mais trouver une
situation pour ces personnes qui n'ont aucun avenir chez nous, et doivent en trouver
un chez eux avec l'aide de la France.
J'irai bientôt au Mali négocier une filière positive, pour la première fois
avec un pays de l'Afrique sub saharienne. Je m'entretiendrai ce soir
avec le ministre de l'intérieur bulgare de la situation de ses compatriotes
qui se trouvent à Bordeaux dans une précarité tragique.
La solution n'est pas d'exploiter la misère de tous ces malheureux en leur
conseillant d'occuper des églises ou de s'installer dans des bidonvilles,
mais de trouver les moyens d'un accord avec les pays d'origine.
Nous avons tous accepté en Europe d'abaisser nos frontières internes.
Il nous faut maintenant défendre nos frontières externes.