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RELIGION
CFCM : Réunion capitale dans la capitale.
Trois semaines après son élection, le Conseil français du culte musulman se réunit samedi et dimanche à Paris en assemblée générale constitutive pour entériner "l'acte de naissance officiel du CFCM".
Samedi, l'assemblée constitutive composée des 157 délégués régionaux, élus les 6 et 13 avril dernier et de personnalités cooptées désignera le conseil d'administration.
Dimanche, les administrateurs éliront à leur tour les membres du bureau.
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Samedi 3 mai 2003
Var Idrissa
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Tant sur le plan juridique que symbolique, cette journée du 3 mai est importante pour les musulmans de France.
En effet, 200 délégués régionaux, des représentants des fédérations, des grandes mosquées ainsi que des personnalités qualifiées sont attendus aujourd'hui dans un hôtel du XVème arrondissement de Paris pour élire les instances dirigeantes et adopter officiellement les statuts issus des négociations de Nainville-les-Roches (Essonne) du 20 décembre 2002.
Les jeux sont faits
En principe, le CFCM devrait être dirigé par un bureau composé de 16 membres désignés par un conseil d'administration de 60 membres; ces derniers ayant été désignés lors des dernières élections régionales.
Mais ces règles ne rentreront en vigueur que lors du renouvellement du bureau c'est à dire dans deux ans. Pour cette fois, les "jeux sont faits" et les postes de direction ont déjà été attribués.
C'est le grand perdant de ces élections régionales, le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur qui recevra le poste de Président. Partisan d'un " islam libéral, un islam de tolérance, d'ouverture, compatible avec notre législation et avec nos us et coutumes", il sera assisté de ses grands rivaux mais néanmoins vainqueurs des élections, la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), ainsi que de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). Elles recevront donc les deux vice-présidences.
C'est le Président de la FNMF, Mohamed Bechari et le secrétaire général de l'UOIF, Fouad Alaoui qui feront office de numéro 2.
Le résultat des élections des 6 et 13 avril, a été une véritable "douche froide" pour l'Algérie. La FNFM à dominante marocaine a remporté 34% des sièges du futur conseil d'administration, contre 32% à l'UOIF et 26% seulement à la Mosquée de Paris.
Juridiquement, le CFCM prendra la forme d'une association Loi de 1901. Son financement devrait être assuré non par l'Etat français mais principalement par les mosquées.
Le soupçon casse l'ambiance
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin ainsi que Nicolas Sarkozy, Ministre de l'intérieur un habitué, se sont invités à cette première réunion officielle qui sera en partie, ouverte à la presse mais cette dernière ne pourra rester lors des délibérations. En effet, les débats risquant d'être houleux, le CFCM préfère "laver son linge sale en famille".
Il faut dire que depuis quelques jours, le climat s'est fortement dégradé entre les participants. Tout le monde soupçonnant l'autre de vouloir trahir les accord de Nainville-les-Roches. Toute la semaine dernière, le ministre a d'ailleurs rencontré une à une les organisations pour tenter de désarmorcer cette crise interne.
Une pétition circule pour «appeler la majorité silencieuse des musulmans de France, pratiquants ou non, muselés par les pressions et les intimidations à se lever pour s'exprimer et faire valoir leur point de vue». Une quinzaine de personnalités l'ont déjà signée parmi lequelles Bétoule Fekkar-Lambiotte qui a démissionné en février de la consultation.
Ces derniers jours, les petites phrases assassines se sont succédées, la palme revenant sans aucun doute au mufti de Marseille, Soheib Bencheikh qui ne digère toujours pas la victoire de l'UOIF présentée comme fondamendaliste. Selon le mufti, cette répartition des pouvoirs au sein du CFCM ne «garantit pas une vraie représentation de la majorité des musulmans de France" qui sont "ceux qui ont accepté de jouer le jeu de l'intégration et de la privatisation de la foi».
Membre de droit du CFCM au titre de "personnalité qualifiée" avec Dounia Bouzar, M. Bencheikh menace néanmoins de démissionner à tout bout de champ, n'hésitant pas à comparer, M. Sarkozy à l'ancien président algérien, Chadli Bendjedid, accusé d'avoir "donné une pseudo-légitimité au FIS" (Front islamique du salut).
Soheib Bencheikh devrait d'ailleurs rencontrer le Ministre de l'intérieur avant l'ouverture de l'Assemblée Générale pour lui exposer ses désiderata : «J'ai demandé à coopter les huit autres personnalités qualifiées qui siégeront dans le CFCM afin de garantir l'équilibre entre les différentes tendances de l'islam. Car pour l'instant, le CFCM légitime les courants obscurantistes» a-t-il expliqué vendredi au Figaro, ajoutant qu'il se refusait à servir de "caution" .
Un bras de fer devrait donc s'engager avec le ministre des cultes. Si le mufti n'obtient pas gain de cause, alors là c'est promis, il démissionne! Chiche?
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