Nicolas Sarkozy en réunissant seulement, les trois organisations musulmanes majoritaires discrédite-t-il le processus visant à instaurer une instance représentative de l'islam de France ?
C'est ainsi qu'il convient de poser le problème.
Dans la façon de procéder, on peut tout à fait discuter des motivations réelles de Nicolas Sarkozy à savoir, effet d'annonce faite lors d'une émission télé, désir d'en terminer avec un dossier qui traîne en longueur….
Mais si on se limite aux faits, il faut quand même bien remarquer qu'il y a en gros trois associations qui émergent dans cette consultation. Et que cela plaise ou non, elles sont influentes et majoritaires en France puisqu'elles représentent au moins 70% des musulmans : il s'agit essentiellement de l'UOIF, de la FNMF et de la Mosquée de Paris. Si ces trois là ne parviennent pas à s'accorder, le processus n'avancera pas.
Le recteur de la mosquée de Lyon ou de Marseille, s'ils ont toute leur place en tant que courants ne sont pas représentatifs de notre communauté. Alors, c'est très clair, qu'ils tiennent un discours qui plaît, qui rassure et qu'ils occupent largement, le terrain médiatique mais malheureusement, ils n'ont pas l'influence qu'ils revendiquent au sein des musulmans de France. Je dirais même plus, les bonnes relations qu'ils entretiennent avec la presse ne contribuent nullement à les rapprocher de la communauté tant la suspicion des musulmans est grande à l'égard de la presse en général. Est-ce justifié ou pas ? C'est un autre débat mais le fait est là.
Je n'adhère nullement à l'idéologie militante de l'UOIF mais je remarque que sur le terrain, elle est très active, sans doute est-elle la plus active et son champ d'action n'est pas régional mais national. Il est vrai que les financements qu'elle reçoit n'y sont sans doute pas pour rien . Malgré tout ce disent les détracteurs, les trois organisations présentes samedi autour du ministre sont belles et bien légitimes. C'est cela qui compte avant tout lorsque l'on veut créer un conseil réellement représentatif.
Ce qui n'aurait pas été légitime pour le coup, c'est que des personnes ne représentants qu'eux-mêmes parviennent à bloquer le processus ou exercent une influence qu'ils ne possèdent pas concrètement sur le terrain. Alors que tous ceux qui revendiquent haut et fort leur attachement aux principes démocratiques le montrent et l'appliquent en acceptant que ce soit la majorité qui fasse pencher la balance.
Personne n'ignore que si des élections avaient eu lieu, l'UOIF l'aurait emporté haut la main ! On peut sans doute le déplorer mais c'est un fait ! Il est trop facile aujourd'hui de se contenter de dénoncer le danger du fondamentaliste! Les mots ne sont pas suffisants, il convient à l'islam modéré et choqué par cette " main-mise " de prendre son courage à deux mains et d'occuper le terrain. Tous ceux qui comme moi habitent dans les cités savent très bien que seuls nos postes de télévision nous permettent le plus souvent de les entrevoir et que leur connaissance des cités et de ses populations est somme toute bien limitée.
Allez, méditez donc vous aussi l'exemple d'avril 2002 et rapprochez-vous un peu de ceux qui ne fréquentent pas les mosquées sous peine de les voir répondre à l'appel de sirènes beaucoup moins modérées et ouvertes.
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