Les électeurs français ont imposé par trois fois une alternance incomplète : la cohabitation.
Elles ont eu des durées différentes : deux furent courtes ( 2 ans), des sortes de parenthèses institutionnelles et la dernière fut longue (5 ans).

Lors d’une cohabitation, le Président de la République garde malgré tout, des moyens d'action qui sont loin d’être négligeables :
il peut notamment à tout moment mettre fin à la cohabitation soit en démissionnant, soit en prononçant la dissolution de l'Assemblée nationale; c'est à lui seul qu'à appartient le choix du moment.

La dissolution est une arme redoutable, une véritable épée de Damoclès brandit au dessus de la tête du gouvernement en place.

• Première cohabitation : 1986-1988 - La grande incertitude.
  Le 16 mars 1986, la Droite remporte les élections législatives avec 43,9% des suffrages exprimées. Cette victoire est malgré tout incomplète : l’ancienne majorité socialiste ayant pris soin de modifier le mode de scrutin en juillet 1985. Avec le scrutin proportionnel, l’opposition RPR-UDF obtient de justesse la majorité absolue dans l’Assemblée. En outre, elle est flanquée à l'extrême droite d'un groupe parlementaire de 35 députés du Front national décidé à ne pas lui faciliter la tâche. Le 20 mars 1986, François Mitterrand reste au pouvoir mais nomme un Premier Ministre de droite. C’est la première cohabitation : les deux personnages les plus importants de l’Etat sont de camps politiques opposés. Le Président entend bien mener son mandat à terme en assumant totalement toutes ses fonctions. Ainsi, le Gouvernement applique son programme mais sous le regard critique du Chef de l’Etat qui ne manque pas de le faire savoir.
Aux élections présidentielles de 1988, François Mitterrand est réelu. Il dissout alors l’Assemblée Nationale de droite. Les socialistes n’y obtiennent qu’une majorité relative.


• Deuxième cohabitation de 1993-1995 : Une cohabitation de fin de règne.
  21 et 28 mars 1993 : La Droite RPR-UDF remporte une victoire écrasante sur la gauche.
  Le 29 mars : F.Mitterrand désigne pour la deuxième fois, un Premier Ministre de Droite : ce sera Edouard Balladur. La deuxième cohabitation peut commencer.
En 1995, c’est l’élection présidentielle. Jacques Chirac est élu Président de la République. L’Assemblée est majoritairement à droite mais le Président commet l’irréparable : il la dissout.


• Troisième cohabitation de 1997-2002 : une longue attente.
  Le 25 mai et 1er juin 1997, des élections législatives sont donc organisées. Mais contre toute attente, c’est l’opposition parlementaire (socialistes, communistes, radicaux de gauche) qui obtient la majorité au Parlement. Le 2 juin : Lionel Jospin est nommé Premier ministre. La troisième cohabitation commence. Elle sera la plus longue puisqu’elle durera cinq années cesserar en 2002, l'année où le Président devra remettre son mandat en jeu.