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PORTRAITS
Oriana Fallaci :
l'arbre qui cache la forêt.


Oriana Fallaci, ex-journaliste est l'auteur d'un véritable livre-poubelle : La rage et l'orgueil. Mais ne nous y trompons pas car derrière cette femme à l'esprit torturé, il y a des profiteurs en tout genre pour qui ce genre de prose s'avère être en réalité, une véritable mine d'or.



Samedi 22 juin 2002.

Manuel Sanchez



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Après les attentats, Oriana Fallaci sort de sa retraite pour crier sa colère et son indignation. Elle accorde alors, un très long entretien au Corriere della serra, un quotidien italien.

 

Oriana Fallaci, ex-journaliste est l'auteur d'un véritable livre-poubelle : La rage et l'orgueil. Mais ne nous y trompons pas car derrière cette femme à l'esprit torturé, il y a des profiteurs en tout genre pour qui ce genre de prose s'avère être en réalité, une véritable mine d'or.

Oriana Fallaci est une journaliste italienne qui est née en 1930 dans une famille antifachiste de Florence. Alors qu'elle n'était encore qu'une petite fille de 14 ans, elle s'engage dans la résistance. Dotée d'un caractère bien trempé, Oriana n'a pas froid aux yeux et ses multiples reportages vont l'entraîner dans tous les coins chauds de notre planète où elle couvrira la plupart des conflits. Elle interviewe les plus grands de ce monde: Khomeiny, Indira Gandhi, Golda Meir, Lech Walesa, Deng Xiaoping...
Ce grand reporter écrit aussi de nombreux livres, certains deviendront des best-sellers traduits en plusieurs langues.
Ce fut le cas d' "UN HOMME" un vibrant hommage rendu à son compagnon, le résistant grec Alekos Panagoulis, assassiné en 1976 et "INCHALLAH" un ouvrage consacré à la guerre au Liban.

Elle s'est installée aux Etats-Unis depuis une dizaine d'années et fut chargée de cours dans les universités de Yale, Harvard et Columbia. Cette femme de 72 ans habite à Manhattan (New-York), où elle vit cloitrée dans un appartement qu'elle ne quitte plus depuis 6 ans. Elle ne donne plus d'interview, ne reçoit plus, jusqu'à cette date fatidique du 11 septembre. Habitant non loin du drame, elle voit les tours s'effondrer et ces corps désarticulés, précipités dans le vide. Fortement choquée par ce drame en direct, elle se met alors à remplir des pages blanches de notes « convulsives ».

Après les attentats, Oriana Fallaci sort de sa retraite pour crier sa colère et son indignation. Elle accorde alors, un très long entretien au Corriere della serra, un quotidien italien. L'article fait grand bruit et les éditeurs sentant venir le scandale commencent à s'y intéresser de près. Les éditions italiennes Rizzoli le publient et le livre est un véritable succès.

Mme Fallaci qui rappelle son grand attachement aux Etats-Unis nous raconte ce qu'elle a ressentit ce fameux 11 septembre. Cri de rage d'autant plus violent que l'on sait que cette femme a assisté en Iran, au Bangladesh, au Pakistan à des scènes de barbarie horribles que seul un fanatisme excessif peut effectivement engendrer. Dans son récit, elle livre tel que, ses sensations et ses souvenirs poignants : l'exécution de ces trois femmes dans la ville de Kaboul, la destruction des Bouddhas de Bamyan. Elle nous raconte aussi, l'histoire de l'emprisonnement de Bashir, ce coiffeur pour dames de Téhéran qui est obligé par ordre du gouvernement de fermer son salon au motif qu'il est un "lieu de perdition et de péché". Oriana Fallaci se souvient : en reportage dans la ville, elle finit par le convaincre de lui ouvrir pour qu'elle puisse se laver les cheveux... Lorsqu'elle retourne à Téhéran, huit mois plus tard, elle apprend que le coiffeur a été dénoncé et qu'il a été jeté en prison.

Ces images, ses souvenirs terribles qu'elle n'a jamais pu totalement effacer de sa mémoire, ressurgissent et se déversent en une sorte de cascade haineuse. Devant nos yeux consternés, Oriana Fallaci se livre à un amalgame et à une généralisation malhonnêtes que seule une fébrilité intérieure peut sans doute expliquer.

Ces attentats du 11 septembre ont fait ressurgir chez cette ex-journaliste d'un âge avancé, enfermée, oubliée, et coupée du monde, des images enfouies qui se sont évacuées dans une paranoïa devenue soudainement incontrôlable. Il ne faut pas oublier qu'outre ses douloureux souvenirs glanés lors de ses différents reportages, elle connut alors qu'elle n'était qu'une toute petite fille, le bombardement de Florence, par les Américains, en 1943.

Ne nous y trompons pas, c'est uniquement cela, que les éditeurs ont décidé de publier : non pas, une véritable analyse géopolitique mais bien plutôt un véritable délire verbal et paranoïaque d'une vieille femme déstructurée qu'il ne restait plus qu'à coucher sur du papier. La perspective d'un succès financier a complètement gommé cette évidence et cette réalité.

Car c'est une certitude, la Rage et l'Orgueil ne vaut pas toute la publicité tapageuse qui en est faite. Ces 195 pages ne sont que des invectives sans intérêt où il n'est question en fait, que de la revanche d'une femme de 72 ans complètement aigrie, malade et solitaire. Cette ancienne journaliste a trouvé le filon facile pour apaiser son esprit traumatisé: les musulmans.
Alors, elle déverse sa haine et sa rancoeur et vomit tour à tour sur son passé, sur son pays, l'Italie, sur l'Europe, les communistes, les hommes politiques et les intellectuels.
Un monde sans foi, ni loi, un monde aveugle où seul le valeureux président des Etats-Unis, le vrai défenseur du bien contre le mal, reste digne d'intérêt.

Elle n'hésite pas à proclamer la supériorité de la civilisation occidentale : «Si je suis vivante aujourd’hui, c’est bien grâce à notre science, et non à celle de Mahomet»
s'interrogeant sur l'autre culture : «Eh bien, je cherche et je ne trouve que Mahomet avec son Coran, Averroès avec ses mérites d’érudit et le poète Omar Khayyâm».
sermonnant les citoyens du monde à qui elle offre un choix restreint puisque les musulmans sont soit des Ben Laden, soit des Talibans.
Elle met aussi en garde devant le complot qui se trâme devant nos yeux aveugles: chaque Arabe n'étant en fait, que le petit soldat barbare d'une croisade lancée contre la civilisation occidentale. Ces derniers débarquant en Occident dans "leurs rafiots pourris" travestis en pauvres immigrés alors qu'ils sont en fait financés par de riches princes saoudiens. «Ils sont trop malins trop organisés, ces travailleurs étrangers. Et en plus ils font trop d’enfants. Les Italiens ne font plus d’enfants, les imbéciles. Les autres Européens, à peu près pareil. Les fils d’Allah, au contraire, se multiplient comme les rats […]»

Elle lance alors, un appel passionné, dénonçant les extrémistes de tous les pays, invitant les lecteurs à sortir de leur somnolence : «Vous ne vous rendez pas compte que les Oussama ben Laden se jugent autorisés à vous tuer, vous et vos enfants, parce que vous buvez du vin et de la bière, parce que vous ne portez pas la barbe longue ou le tchador, parce que vous allez au théâtre et au cinéma, que vous écoutez de la musique et de la chansonnette […]»

Toutes ces thèses qui rappellent celles soutenues par l'extrême droite, commencent malheureusement à avoir la côte en Europe.
Il n'est donc pas aussi étonnant que cela que ce livre fasse autant de tapage. Il est bon de préciser également que Silvio Berlusconi lui-même, vient de proposer à Ariana Fallaci, d’être candidate aux élections municipales de 2004 pour la ville de Florence. Il faut bien reconnaître qu'il n'est pas très rancunier puisque dans son ouvrage, la journaliste ne l'avait pas non plus ménagé mais le thème de son livre reste porteur électoralement parlant.

De plus, de tels propos cela fait toujours vendre et c'est ce qui compte. En Italie, ce livre s'est d'ailleurs vendu comme des petits pains. Plus d'un million d'exemplaires ont été écoulés. En France, le livre est en librairie depuis le 15 mai, et les 45 000 exemplaires sont déjà épuisés. C'est l'éditeur PLON qui a touché le gros lot, mais il n'était malheureusement pas le seul en liste.

Ce genre de prose rappelons-le est toujours une véritable délectation financière pour les profiteurs en tout genre. Et ce qui n'est qu'un ramassis ordurier issu d'un esprit torturé devient subitement par pur opportunisme et de façon bien hypocrite, un véritable sujet de société nécessitant alors des débats où l'on invite philosophes et experts. Les journaux en mal de vente horrifiés bien sûr se battent alors pour publier en avant première et à la une de larges extraits bien choisis et si possible, les plus ordurieux qu'ils feront commenter par un intellectuel à la mode. Alors qu'en fait, cette pitoyable écriture n'est digne seulement que de votre poubelle et ne vaut certainement pas tout le tapage médiatique qu'il entraîne.

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