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Procès: Thierry Ferrer
Le face à face douloureux de deux familles
Mercredi après avoir examiné la personnalité de l'accusé, la Cour d'assises du Var s'est concentrée essentiellement, sur les faits et sur la soirée du 15 février 2002 qui s'est terminée tragiquement, par la mort d' Icham, un tunisien de 22 ans. Dans l'après-midi, une alerte à la bombe a entraîné une suspension d'audience. Après une fouille méthodique des locaux, les débats ont pu reprendre dans le calme.


Jeudi 4 décembre 2003

Samia Achour

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"... ".

  Aucune des personnes présentes dans la salle d'audience ne peut échapper à l'atmosphère particulièrement pesante qui domine l'ensemble des débats.

Dans le box, Thierry Ferrer 36 ans fait moins que son âge. Aîné d'une famille de quatre enfants, le visage rond, il est vêtu d'une simple chemise bleue ciel. Les cheveux courts, la petite moustache bien taillée, l'homme n'a rien d'un criminel, ni d'un justicier. Il ne semble pas trop marqué par sa détention. Il assume tout ce qu'il a fait mais assure regretter son " geste de folie ". Mercredi matin, Thierry Ferrer a déclaré au président Dominique Brejoux : ."Oui, je regrette " mais " Je ne pouvais pas baisser les yeux quand ma fille est venue se blottir contre moi et m'a dit de punir celui qui lui avait fait tant de mal."

Du chagrin et beaucoup de larmes

Au premier rang, deux familles déchirées par la douleur, deux blocs de souffrance :
Madeleine 46 ans, l'épouse de l'accusé. Elle pleure serrant à plusieurs reprises l'un de ses fils Nicolas dans ses bras. Ce dernier ne parvient pas à dissimuler son chagrin. Des larmes glissent sur ses joues. Beaucoup de larmes également pour le père d'Icham qui attend que l'assassin de son fils soit fortement condamné et qu'il retrouve sa dignité : " Mon fils n'était pas un violeur, je fais confiance dans la justice de la France pour laver son honneur " répète-t-il. Assis sur le même banc et à moins de trois mètres de la famille Ferrer, il écoute avec beaucoup d'attention, les témoins qui viennent à la barre dresser un portrait attachant du meurtrier de son fils.

Et ils se sont déplacés nombreux, les collègues et amis de Thierry Ferrer pour témoigner de son courage et de sa gentillesse. Ils tracent le portrait d'un homme bien ordinaire et bourré de qualités. Un homme tranquille qui aime la nature, la pêche et la chasse : " Un excellent ramasseur de champignon, faisant tout pour sortir sa famille des difficultés financières au cœur desquelles elle se débat au quotidien " Il est vrai qu'on ne roule pas sur l'or dans la famille mais ce marin pêcheur a repris ses études pour tenter de se mettre à son compte afin d'améliorer l'ordinaire. C'est " un gros travailleur. Un homme pondéré, fidèle en amitié. " explique un de ses collègues. "Vraiment, on s'étonne de le retrouver dans ce box !" dira un autre.

Un portrait élogieux confirmé par son épouse. De dix ans son aînée, Madeleine raconte en détail ce qui s'est passé, le 15 février 2002. Ce jour-là, Virginie qui vit toute la semaine dans un foyer d'accueil vient passer le week-end chez ses parents. Elle vient d'avoir treize ans et la famille fête son anniversaire. Tout à coup explique -t-elle, la jeune fille fond en larmes et raconte qu'un homme l'a attiré chez lui sous un faux prétexte "Là-bas, il m'a fait du mal" dira-t-elle à son père " Il m'a violé par les fesses ".

Madeleine se souvient avoir vu pâlir son mari : " Il est devenu blanc comme un linge " souligne-t-elle. Puis, il m'a dit : "Occupe-toi bien des enfants, ce soir je serai en prison ". Vainement, elle tente de le calmer, de le dissuader, de le retenir. Mais Thierry Ferrer lui dit qu'il en a assez de toutes ces histoires de viols. Alors, il emmène Virginie, passe chez des amis pour prendre son fusil. C'est le début d'une chasse à l'homme qui se termine aux alentours de 20h30 par la mort d'Icham. Vers 22 heures, il est rentré raconte Madeleine et il m'a dit sans plus de détails : "C'est fait. Je vais me rendre à la police".

En toute fin de matinée, le président a lu à la cour, les lettres reçues en prison par l'accusé. Certaines font allusion à ces magistrats " à ces juges tous de gauche" et affirment rester solidaires de Thierry Ferrer. Des soutiens que l'accusé n'a jamais sollicité mais qui émanent des suites d'une tentative de récupérations politiques faites par les partis d'extrême droite.

Des courriers qui risquent de salir quelque peu, l'image débonnaire de l'accusé. Me Guidicelli prend immédiatement la parole "En prison, M. Ferrer a reçu d'innombrables lettres mais il n'est évidemment pas responsable des prises de position des gens qui lui ont écrit. Il n'a jamais répondu aux auteurs de ces diatribes ni ne les a encouragés en quoi que ce soit." explique-t-il aux jurés.

Un homme au bout du rouleau

L'audience de l'après-midi a débuté à 14 heures. Au bout de quelques minutes, elle a été suspendue suite à une alerte à la bombe. Le président de la Cour a décidé de faire évacuer le palais de justice pour qu'une fouille minutieuse soit organisée. Finalement, il s'agissait d'une fausse alerte et les débats ont pu reprendre normalement. La cour et le jury essentiellement masculin (sept hommes, deux femmes) ont entendu les policiers chargés des investigations. Ils ont pu apporter quelques précisions concernant le déroulé de leur enquête.

Un enquêteur précise à la barre que pendant sa garde-à-vue, Thierry Ferrer a soudainement craqué : " J'en ai marre ! Je veux tuer tous les violeurs ! " a-t-il dit. Le ras-le-bol sans doute, d'un homme confronté plusieurs fois dans sa vie au même problème : sa femme, explique le fonctionnaire, violée par son père quand elle avait tout juste dix ans, son neveu violé par un pédophile qui a été récemment condamné, sa sœur agressée sexuellement, elle aussi. Puis aujourd'hui sa fille. Les déclarations de Virginie sont la goutte d'eau. Il n'en pouvait plus raconte-t-il. Les viols, Thierry Ferrer n'en veut plus. Il en a " marre " .

Le président Dominique Brejoux se tourne vers l'accusé :
"Deux ans après les faits, avec le temps de la réflexion, êtes-vous toujours affirmatif sur la réalité du viol de votre fille ? " " Absolument " répond-il sans aucune hésitation. Pourquoi, et pour quelles raisons demande-t-il, Virginie lui aurait-t-elle menti ? " Ma fille n'aurait pu inventer autant de précisions, de détails à son âge " explique Thierry Ferrer. Pour l'accusé, le tunisien restera à jamais le violeur de sa fille " adorée ".
Face à ces certitudes, les parents d'Icham ne bronchent toujours pas ; rien ne les fera se départir de leur dignité. Pourtant, ils ne croient pas en ces accusations qui résonnent dans leur cœur comme autant de coups de poignards. Jamais leur fils n'aurait pu agresser ainsi une jeune fille. Alors pour eux, Virginie est une menteuse et Thierry Ferrer n'est qu'un assassin. Il restera à jamais l'homme qui leur a enlevé Icham, le bien aimé.

Mes Michel Mas et Kamel Dhaouadi, défenseurs de la partie civile vont tenter de briser l'image du " père idéal ".
Ils rappellent alors à la Cour, que l'accusé n'est peut-être pas aussi calme que les témoins le prétendent et que suite à un différend opposant ses enfants à ceux d'une de ses voisines, il n'a pas hésité à aller la menacer. Les enfants encore et toujours ! Un conflit de voisinage bien anodin en apparence et qui n'a eu aucune suite mais qui devient subitement, d'un intérêt capital tant l'affaire qui se joue ici est grave.

Jeudi, la Cour d'assises de Draguignan entendra le témoignage de Virginie. Une journée importante mais qui sera sans doute lourde et bien douloureuse.

Pour aller plus loin :
Un dossier très complet réalisé par RTL
Consulter aussi les archives du journal Le Monde

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