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Laïcité
Une manifestation sans grande illusion
La manifestation de samedi dernier, organisée par le MJD (Mouvement pour la justice et la dignité) un collectif regroupant plusieurs associations, a démarré aux alentours de 14h30 de la place Denfert-Rochereau pour se terminer vers 17h30 près des Invalides. Ce rassemblement s'est déroulé sans incident et dans une ambiance plutôt bon enfant même si les participants semblaient déçus de la trop faible mobilisation.

Lundi 9 février 2004

Marie-Hélène et Medhi

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"Ce n'est pas par choix, loin de là ! Si je pouvais, je le mettrais mais j'ai une famille à nourrir ! Je suis obligée de ne pas être voilée ! Mais je ne le fais pas de gaîté de cœur ! ".
Aïcha - 27 ans - Samedi 7 février 2004.

 

La manifestation de samedi placée résolument sous les couleurs de la République n'a pas fait recette. Moins de 1500 personnes ont répondu à l'appel du MJD, (un collectif regroupant de multiples associations) pour dire " non à l'islamophobie " et à un projet de loi excluant " les populations musulmanes ".

Parmi les participants, une chose est certaine : les " explications de textes " fournies par les hommes politiques de droite comme de gauche affirmant que ce projet de loi ne vise aucunement la communauté musulmane n'ont guère convaincu et le malaise et l'incompréhension persistent. Pour les personnes présentes, cette loi est stigmatisante et reste dirigée " contre l'islam ".
" Il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles quand même ! Ils disent que ce projet ne vise aucune religion en particulier et dans les émissions de télé, les journalistes ne parlent que du foulard et de l'islam ! " note Khadidja (24 ans).
Pour beaucoup, la loi sur la laïcité s'inscrit dans le prolongement de ce que vit déjà cette communauté : " le racisme, l'exclusion et la discrimination ". Des arguments qui sont d'ailleurs, repris dans de nombreux slogans. " Aujourd'hui, la loi permet aux racistes de nous insulter, de nous dire de retourner chez nous, ou d'aller vivre en Arabie Saoudite ou en Iran, alors que nous sommes Français ! " déplore Fatim (19 ans).

Je suis obligée de ne pas être voilée !

" Il ne faut pas se tromper ! " cette loi est une loi " raciste et injuste " rétorque Naïma (30 ans). " Plus besoin de tourner autour du pot ! Les patrons le disent clairement, on ne vous embauche pas, parce que demain vous pouvez venir voilée ! Mais de toute façon, quand tu portes un prénom à consonance étrangère, on te prend pas même si t'as des diplômes ! " explique-t-elle.
Pour Aïcha 27 ans, ce durcissement contre les musulmans et les musulmanes était prévisible. " Au fond, on ne nous a jamais accepté ! " Cette dernière ne porte pas le voile mais souligne-t-elle :
" Ce n'est pas par choix, loin de là ! Si je pouvais, je le mettrais mais j'ai une famille à nourrir ! Je suis obligée de ne pas être voilée ! Mais je ne le fais pas de gaîté de cœur ! " La plupart des jeunes femmes ne se font pas d'illusion, elles sont persuadées que " la loi sera votée pourtant le combat continue ". Elles se rendront à la manifestation du 14 février prochain. " Nous avons été à toutes les manifestations même si dans une en particulier, nous ne nous sommes pas senties particulièrement à l'aise ! " nous dit Malika en souriant. " Je ne pense pas que le mouvement s'essouffle ; les gens restent très motivés, très attentifs mais les divisions perturbent un peu la donne !" admet cette jeune fille de 20 ans.
" Je crois que l'UOIF a déconseillé de descendre aujourd'hui " reconnaît Ahmed (27 ans) " Tariq Ramadan aussi ! Par contre, il soutenait celle du 4 février dans laquelle on se serait cru à Woodstock avec pétard et shit ! C'est assez déconcertant, faut bien l'admettre ! "
Dans le cortège, beaucoup approuvent : " Je n'ai pas le temps d'écouter les états d'âmes des uns et des autres ! Personnellement, je suis venue car avant tout j'ai envie de dénoncer une loi discriminante et islamophobe" conclue Nadia (29 ans).
Cette dernière craint elle aussi, les dérapages : " J'ai peur pour mes filles ! Tout ce qui arrive en ce moment à nos sœurs, c'est intolérable ! ". De toute façon, sa décision est prise en septembre 2004, ses enfants rejoindront le privé, elle s'en occupe déjà ! Evidemment, elle n'en a pas les moyens mais localement, les gens s'organisent et des quêtes sont prévues pour aider les familles démunies nous explique-t-elle. " Certaines familles sont dans l'urgence, elles n'ont pas le temps d'attendre que les recours juridiques intentées contre cette loi aboutissent ! Les enfants doivent étudier ! " précise-t-elle encore.

A l'issue de ce rassemblement, une lettre a été déposée à l'Assemblée nationale. Le texte qui a été lu par Bagdad Maata, l'un des organisateurs demande aux députés de ne pas voter "une loi islamophobe" qui "restera un point noir dans la conscience des Français, comme les dispositions législatives et réglementaires inhumaines adoptées par le régime de Vichy".

Une autre manifestation est prévue le 14 février prochain. Elle est organisée par le collectif "Ecole pour tous(tes) contre les lois d'exclusion" qui regroupe des associations musulmanes et laïques.
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Manifestation:
 Contre une loi anti voile
Samedi 07 février 2004
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