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DOSSIERS
L'attribution des logements sociaux

Christiane a travaillé pendant de nombreuses années, auprès d’un élu des Hauts-de-Seine. Elle a accepté de répondre franchement à nos questions en désirant cependant conserver l’anonymat.


Mardi 11 juin 2002.

Martine Coriste

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Toute ma vie, je n’ai pensé qu’à une chose, fuir cette sale cité! J’ai toujours pensé que c’était la seule solution pour que je m’en sorte! Fuir la cité où j’avais grandi, c’était fuir l’exclusion, fuir l’échec. J’ai donc fait des demandes de logement auprès des administrations. Inévitablement, on me renvoyait toujours à la case départ! On ne me proposait des logements que dans des cités pourries! Retour à la banlieue! A chaque fois, je répondais non et je précisais toujours que je ne voulais pas y vivre! Mais, je n’ai pas eu vraiment le choix : j’acceptais où l’on me radiait! Je ne suis pas le seul malheureusement dans ce cas! J’ai l’impression que l’on ne me tolère qu’en cité et que l’on ne veut pas que j’habite ailleurss! Je suis condamné à vivre en cité car l’on ne veut pas de moi ailleurs!
Hamid - Malakoff.
Je n’ai pas envie de moisir ici. J’espère une autre vie pour mes futurs enfants. La mairie m’a fait trois propositions que je n’ai pas acceptées. La préfecture et l’office départemental, c’est pareil. Ils ne me proposent que des quartiers impossibles. Pourtant, je travaille depuis trois ans dans la même société et je gagne pas trop mal ma vie.
Omar - Bagneux.
C’est très difficile de quitter la cité. Dans le privé, c’est très cher et les propriétaires n’aiment pas beaucoup les locataires trop typés. Ils sont très méfiants. Dans le public, alors là, c’est très simple, il est hors de question de vous proposer des logements situés dans des villes ou des quartiers sympas. Moi par exemple, j’ai demandé, le Plessis Robinson, Meudon, Issy les Moulineaux et l’on m’a proposé, Nanterre, Bagneux et Gennevilliers. Et que des sales coins !!!
Aïcha - Gennevillier.

 

Fidès : Qui sont ces administrations auprès desquelles Hamid a déposé ses demandes de logement?
Christiane : Je pense qu’il a formulé ses demandes auprès de l’office municipal, de l’office départemental et de la Préfecture des Hauts de Seine.

Le témoignage d’Hamid reflète-t-il la réalité?
Bien évidemment! Il ne faut pas se voiler les yeux. C’est ainsi que les choses se passent. Lorsque vous avez un nom à consonance étrangère, la tendance est de vous envoyer effectivement dans des cités. Tout le monde le sait.

Pour quelles raisons?
Mais parce qu’il y a souvent de la place en cité. Il y a du “turn over”; les gens qui le peuvent quittent rapidement ces cités et ce ne sont pas des endroits où les gens veulent aller habiter. Evidemment, ce sont ces logements que l’on va leur proposer en priorité; ce sont des quartiers où ils ont l’habitude de vivre. Il est plus difficile pour eux d’obtenir un logement social bien situé.

La mixité sociale n’est pas encore à l’ordre du jour?
Certainement pas! Là aussi, il y a beaucoup de non dits. Les maires d’ailleurs, influencent beaucoup la politique d’attribution de logement sur leur commune. Qu’ils soient de droite comme de gauche, ils vont faire du clientélisme électoral. La population résidant dans une commune, c’est un potentiel de voix pour de futures élections municipales. Ainsi, ils vont préférer installer sur leur territoire des gens susceptibles de voter pour eux et enfin, ils vont essayer de ne pas trop mécontenter leurs électeurs habituels. Je ne connais pas beaucoup d’endroits où il existe une véritable politique de mixité sociale. La preuve étant que chaque commune possèdent ses bons et ses mauvais quartiers mais on n’y retrouve pourtant le même type de population. Les français de souche dans les bons coins et les autres dans les quartiers plus difficiles. Que le maire soit de gauche ou de droite n’y change pas grand chose. L’attribution de logement social est surveillé de très près par les élus car ces gens sont de futurs électeurs potentiels.

Le gouvernement (NDRL : de Lionel Jospin) semble essayer de remédier à cette situation en rendant plus transparent l'attribution des logements sociaux?
Je n’y crois pas personnellement! C’est de la poudre aux yeux! Regardez le témoignage d’Hamid, il ne dit pas qu’on ne lui propose pas de logement, il dit simplement qu’on ne lui propose que des logements situés en cité. Vous savez, il existe des critères pour attribuer des logements sociaux. Si vous n’avez pas de revenus suffisants, il est impensable aujourd’hui, d’obtenir un logement. C’est injuste, mais c’est ainsi! Et si vous avez des revenus mais que vous vous prénommiez Hamid, alors il est impensable que l’on vous propose un logement situé dans un coin autre qu’une cité! Et puis comme le dit ce jeune homme, à force de refuser les propositions faites, vous vous exposez à une radiation d’office. C’est comme cela

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