Dans un communiqué, le Mouvement juif libéral de France (MJLF, courant auquel appartient le rabbin poignardé) s'est inquiété "de l'intrusion du conflit israélo-palestinien dans la vie religieuse des juifs de France. Une inquiétude doublée de révolte, quand on sait combien le Mouvement juif libéral de France oeuvre pour le dialogue inter-religieux et le rapprochement entre les peuples".
"Espérons qu'il s'agit d'un cas isolé", a déclaré à l'AFP, Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) . "On avait le sentiment que les incidents visant la communauté juive avaient diminué d'amplitude, qu'il y avait une amélioration" a-t-il ajouté.
Patrick Klugman, président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), a exprimé "son indignation" estimant que le rabbin Farhi "est l'un des dignitaires religieux juifs ayant des positions d'humanité et d'ouverture sur toutes les questions y compris celle du dialogue israélo-arabe".
Pour le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), cet acte démontre une "volonté manifeste d'intimider, et même de faire disparaître tous ceux qui refusent la voie du fanatisme, de la violence aveugle, de la haine et du repli sur soi pour rechercher et apporter des solutions aux conflits qui déchirent (...) le monde de l'Islam".
Le mouvement juif B'nai B'rith France a déclaré dans un communiqué qu'il espérait que "les pouvoirs publics mettront tout en oeuvre pour que la sécurité des lieux de culte et des personnes soit renforcée et que ces actes antisémites soient sévèrement sanctionnés".
Le président Jacques Chirac a dénoncé un "acte odieux" et s'est dit "préoccupé" par l'agression du rabbin Farhi.
"Cet acte odieux suscite l'indignation", a-t-il déclaré avant d'affirmer "sa détermination et celle des autorités à lutter contre toute forme d'intolérance religieuse, de racisme et d'antisémitisme".
Le Président recevait lundi, les représentants des religions catholique, protestante et juive pour la traditionnelle cérémonies des voeux. Les musulmans, en l'absence de représentant désigné n'étaient pas présents. Malgré tout, Jacques Chirac devrait rencontrer les principaux chefs de file de la communauté musulmane, le 14 janvier prochain.
"Le président a ouvert nos conversations avec cet épisode tragique", a déclaré le grand Rabbin, Joseph Sitruk. C'est "inadmissible et il faut que cela soulève l'indignation de tous les Français et pas seulement de la communauté juive", a-t-il ajouté avant de dénoncer "un retour terrible en arrière".
Regrettant l'absence des musulmans à cette cérémonie, M.Sitruk a plaidé pour la création entre les différentes religions, d'une "charte du respect", afin que "les religieux donnent l'exemple".
Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur a fait part également de son émotion et de sa "détermination" à élucider l'affaire.
Il a annoncé lundi qu'il serait présent mercredi à 18h00 à la "prière pour la fraternité et l'espoir" organisée par le MJLF à la synagogue de la rue Gaston-Caillavet (15e), une prière collective pour répondre à la violence et à la haine et qui devrait réunir l'ensemble des communautés religieuses de France.
Bertrand Delanoë, le maire (PS) de Paris a téléphoné à Gabriel Farhi avant de faire part dans un communiqué de "son émotion, de son indignation devant l'odieuse agression dont a été victime le rabbin Farhi dans sa synagogue". M. Delanoë "exprime sa profonde solidarité au rabbin Farhi ainsi qu'à sa famille" et "assure également la communauté juive de toute sa sympathie".
Le maire de Paris "espère que l'agresseur sera rapidement identifié et remis à la justice".
Hakim el Ghissassi, directeur de la revue musulmane "La Médina" et le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, un "ami de longue date" du rabbin, ont apporté un soutien appuyé à la victime.
De son côté, Gabriel Farhi a indiqué que l'agression dont il a été victime ne l'empêcherait pas de poursuivre son combat pacifiste. "Je crois que ce serait donner raison aux extrémistes de tous bords que de céder devant de telles pressions et de tels chantages" a t-il déclaré sur l'antenne d'Europe 1.
En mars dernier, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS-Racisme avaient publié un rapport dans lequel les deux organisations dénonçaient l'augmentation des actes antisémites en France entre janvier 2000 et janvier 2002. Plus de 400 actes antisémites étaient recensés dans ce rapport.
Pour le seul mois d'avril dernier, près de 360 actes de cette nature avaient par ailleurs été dénombrés par le ministère de l'Intérieur.
Lundi, soit trois jours seulement après son agression, c'est le véhicule du rabbin Farhi qui sera incendié dans son parking. Le feu se serait déclaré vers 13h30. Selon les premières constatations policières, il serait d'origine criminelle.