Dalila Tahri, une jeune femme de 30 ans estimant que son licenciement n'avait aucune cause réelle et sérieuse avait saisi en référé, le Conseil des prud'hommes. Elle ne réclamait pas de dommages-intérêts mais simplement de pouvoir travailler tout en portant le voile.
Cette jeune femme est recrutée en 2001 par la société Téléperformance. Lors de son entretien d'embauche, elle ne dissimule pas ses convictions puisqu'elle porte déjà son voile. D'ailleurs la photographie de sa carte d'entreprise la représente la tête et le cou strictement enserrés par un voile.
Cependant, le 15 juillet 2002, l'entreprise l'a licencie pour "cause réelle et sérieuse" au motif suivant "port du voile islamique".
C'est à l'occasion du transfert de l'annexe où elle travaillait jusque-là, au siège de Téléperformance que le conflit apparaît. La direction lui demande non d'ôter le voile mais de le nouer de façon plus discrète c'est à dire en dégageant ses oreilles, son cou et son front. Dalila refuse et elle est licenciée le 15 juillet.
Lors de l'audience du 3 décembre, l'avocate de Téléperformance, Me Vanessa Lehman, avait plaidé que l'employeur était "le seul juge de l'image qu'il veut donner".
Elle avait aussi estimé que Dalila Tahri, contrairement à d'autres employées de l'entreprise qui portent le foulard de façon plus discrète, avait une interprétation "pure et fondamentale" de l'islam que tous les musulmans ne partagent pas. "Il y a diverses interprétations de la religion musulmane. Celle de Dalila Tahri est pure et fondamentale. Ce dossier est aussi politique" avait également affirmé l'avocate en faisant allusion à l'intégrisme et à son influence en France.
Cette dernière avait également expliqué que la société Téléperformance était attachée au principe de "neutralité" et que ce dernier était remis en cause par des "affichages de prosélytisme passif", tel un foulard islamique noué d'une certaine façon.
"Si on m'avait dit lors de l'entretien d'embauche que le foulard posait problème, je n'aurais pas postulé, car entre mon travail et mon rapport à Dieu mon choix est fait" avait déclaré de son côté Dalila Tahri.
Le conseil des prud'hommes s'est bien gardé de se laisser entraîner dans le débat sur la place de l'islam dans la société française. Il est resté dans le cadre de la loi estimant que Dalila était victime de discrimination au travail, car licenciée en raison de "son apparence physique et de ses convictions religieuses" (article L. 122-45 du code du travail). La société a huit jours pour l'accueillir à nouveau dans ses murs. La société Téléperformance a déclaré hier qu'elle se conformait à la décision de justice, sans exclure toutefois, la possibilité de faire appel de cette décision.
Mais l'on peut se demander quelle aurait été la décision du tribunal si la jeune femme avait eu au siège social des contacts visuels avec la clientèle de l'entreprise?