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Procès: Thierry Ferrer
Témoignage de Virginie Ferrer
Deuxième journée d'audience jeudi, pour le procès de Thierry Ferrer qui se poursuit avec l'audition de sa fille, Virginie. Un témoignage très attendu puisque c'est suite aux déclarations de la jeune fille que le drame s'est noué.


Vendredi 5 décembre 2003

Samia Achour

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"Nous ne sommes pas là pour te mettre en difficulté. Personne ici ne te veut du mal ".
Le président Dominique Brejoux - Cour d'assises du Var - jeudi 4 décembre 2004

  Ce deuxième jour d'audience devrait être le tournant de ce douloureux procès puisque c'est aujourd'hui que Virginie doit être entendue par la Cour.

"Là-bas, il m'a fait du mal"

C'est un bloc de souffrance qui s'avance lentement vers la barre. Vêtue d'un jean, d'une veste sombre, les cheveux relevés en queue de cheval, Virginie semble bien fragile. Pour marcher, la jeune fille est soutenue par une éducatrice. Cette dernière sera autorisée par le Président à rester près de l'adolescente pendant toute l'audition.

Le témoignage de Virginie est capital puisque c'est suite à ses déclarations que s'est noué ce drame. Après ses accusations, une enquête judiciaire pour " viols sur mineur de 15 ans " a été ouverte par le parquet de Toulon. Toujours en cours, l'instruction n'a pas pu déterminer, la réalité des faits allégués par la fillette. Dans un premier temps, la jeune fille alors âgée de 13 ans, refuse de subir un examen gynécologique. Quelques mois après, celui-ci est réalisé mais l'expert constate que Virginie est encore vierge et qu'elle ne présente aucune béance anale, ni aucune trace de violence. Pourtant, Virginie soutient qu'elle a été sodomisée par Icham et que quelques semaines plus tard, elle a fait l'objet d'un viol collectif organisé par le jeune tunisien.

L'enquête s'avère difficile et délicate : l'adolescente varie plusieurs fois dans ces déclarations et ses témoignages successifs manquent de précisions.

Des lacunes qui seront relevées par Dominique Brejoux, le Président de la cour d'assises mais qui n'emportent pas la conviction de Thierry Ferrer. Deux ans après les faits, ce dernier regrette son geste mais reste persuadé que sa fille a bien été violée par l'homme qu'il a abattu d'un coup de fusil de chasse, le 15 février 2002.

Pour la famille d'Icham , cette adolescente est une menteuse, pour Thierry Ferrer et pour ses avocats, c'est une victime qui a été violée et sodomisée. Mais aujourd'hui, Virginie est seule à affronter la cour d'assises. Toute frêle, il ne peut échapper à personne que cette jeune fille souffre. Meurtrie par le chagrin, elle a peur et redoute cet instant : cramponnée à la barre, Virginie tremble, mais elle maintient toutes ses déclarations.

Cherchant ses mots, elle raconte que le 15 février 2002, elle fêtait ses 13 ans en compagnie de ses parents et de ses frères. Depuis quelques temps, la jeune fille est hébergée, sur sa demande au foyer Plein Soleil de Six-Fours dans le Var mais chaque week-end, elle rejoint le domicile familial.

Personne dans la famille n'a pu expliquer au tribunal, pourquoi la fillette a demandé son placement mais sa décision n'étonne pas vraiment ceux qui la connaissent tant cette dernière est " tourmentée ". Dissipée à l'école, impulsive et rebelle, l'adolescente a une nette tendance à traîner dans cette cité de la Seyne-sur-Mer où ses parents occupent un modeste logement HLM. Une "adolescente difficile, un garçon manqué, avec un fort caractère " déclare Madeleine, sa mère.
"Elle avait des problèmes à l'école et ne supportait pas qu'on puisse la punir" ajoute-t-elle. "Virginie est violente et agressive" reconnaît Thierry Ferrer.

Le président a d'ailleurs donné lecture de deux procédures relatant une bagarre entre des collégiennes et dans lesquelles Virginie était nommément mise en cause.

Une jeune fille peu structurée et suicidaire

Pour les psychiatres qui l'ont examinée, la jeune fille est " peu structurée, très perturbée ". Décrite par les experts comme un sujet à la personnalité fragile, immature et anxieuse, ils soulignent néanmoins, qu'elle ne présente pas de tendance particulière à l'affabulation ou à la mythomanie et qu'ils n'ont pas détecté "d'anomalie mentale de nature à mettre en cause la crédibilité de la jeune fille". Ils ont en revanche, jugé qu'elle était "peu constante dans ses déclarations". Reste la description d'une adolescente bien mal dans sa peau, coincée entre deux frères âgés de 15 et 11 ans qui connaît une vrai crise identitaire, des problèmes affectifs et qui a "surinvesti sa relation avec son père". Dans la famille, Virginie peine à trouver sa place. Elle a toujours besoin de se mettre en avant, d'attirer l'attention. Depuis l'arrestation de son père et après plusieurs tentatives de suicide. elle a été placée dans un centre spécialisé.

"Raconte nous ce qui s'est passé " le 15 février 2002 lui demande le Président Brejoux.
Ce soir-là, "J'ai dit à mes parents que je faisais des cauchemars, ma mère m'a dit que c'était sans doute à cause de mes problèmes de comportement, j'ai répondu que non, alors elle m'a demandé pourquoi. J'ai crié: " c'est un garçon. Je me suis faite violer " ; mon père …C'est trop difficile ".
La jeune fille sanglote.
"On est là pour savoir, c'est tout. On ne veut pas te mettre en difficulté. Personne ici ne te veut du mal." lui assure le Président.
Virginie reprend son récite d'une voix tremblotante :
"Mon père n'était pas lui-même. Il s'est imaginé dans la tête qu'on avait fait du mal à sa fille. Il a essayé de se calmer, mais n'y arrivait pas. Il m'a posé des questions, mais je n'y arrivais pas. Et puis il m'a demandé si je savais où il habitait. Bien sûr je savais, puisqu'il m'a fait du mal là-bas."

Virginie raconte ensuite comment elle est partie avec son père à la recherche du tunisien. Qu'ils sont allés à son domicile mais qu'il n'y était pas et qu'ils l'ont retrouvé dans un bar de la Seyne sur Mer. Pour le reste, elle n'a pas vu. Elle est descendue de la voiture quand elle a entendu le coup de feu. "C'est lui qui t'avait violée ?" interroge M. Brejoux.
"Oui", répond Virginie.

Et la jeune fille d'expliquer à la Cour, sa rencontre avec Icham Ziadi: "Je lui avais demandé une cigarette un jour à La Seyne (...)C'était un jour en été et j'allais à la plage. On avait discuté cinq minutes. Un autre jour, je le revois et il m'a demandé de monter chez lui. Il m'a dit que mon frère Nicolas était là. Je suis montée. Il a fermé la porte. Il m'a dit: 'Installe-toi " et il m'a fait du mal" dit-elle en pleurant.

"Est-ce qu'il t'a sodomisée, oui ou non?" interroge le Président.
" Oui " répond Virginie après un silence qui semble interminable.
"As-tu été violée par d'autres personnes?" lui demande encore Dominique Brejoux.
"Oui" dit-elle.
"Par qui?" insiste le magistrat.
Virginie ne répond pas et éclate en sanglots. En mars 2002, l'adolescente accusera son frère Nicolas de l'avoir sodomisée puis Icham une nouvelle fois, déclarant que ce dernier lui aurait imposé les mêmes pratiques sexuelles avec trois autres garçons.
" Qui t'as violée ? " reprend le Président. Mais cette fois, c'est terminé et la jeune fille s'enferme définitivement dans le silence. Son père vient à son secours : "J'avais demandé que ma fille soit entendue séparément" reproche-t-il au Président.

Le magistrat qui l'interroge depuis plus de quinze minutes s'aperçoit que Virginie trop submergée par l'émotion ne parvient plus à s'exprimer. Il demande une suspension d'audience et consulte les parties civiles et la défense, pour décider soit de stopper l'interrogatoire, soit de demander que les débats se poursuivent en huis-clos. C'est cette dernière solution qui est retenue. Et pendant plus d'une 1H30, entre silences et pleurs, la jeune fille maintient toutes ces accusations : elle a bien été violée par Icham et elle confirme avoir été victime d'une tournante quelques temps après ce premier viol.

Beaucoup d'émotions et de larmes qui vont émouvoir toute la salle, y compris la famille d'Icham. Ni le ministère public, ni les avocats de la défense ou de la partie civile ne vont l'interroger. Mais pour Me Michel Mas, l'avocat de la partie civile, au delà de cette véritable souffrance, " il y a un gros mensonge, un mensonge terrible. Elle a été entendue par la police, par le juge et deux fois aujourd'hui par la cour d'assises: elle a à chaque fois livré des versions différentes. Elle est aujourd'hui confrontée à ses contradictions". Le défenseur du père d'Icham reste persuadé que Virginie ment même s'il n'est pas surpris que celle-ci ait maintenu ses accusations devant la cour. Me Mas estime qu'aujourd'hui Virginie est " enfermée dans un mensonge, dans des contradictions dont elle ne peut sortir ". Elle ne peut plus revenir en arrière, car cette affaire l'a dépassée, a été trop loin. Pour lui, Virginie doit se demander quand " cette histoire va s'arrêter, espérant que plus personne ne lui pose aucune question " explique encore l'avocat.
Mais il est évident conclut-il que d'être " ainsi confrontée à la réalité judiciaire a été un véritable supplice pour elle ". Me Jean-Claude Guidicelli, l'avocat de Thierry Ferrer, "ne doute pas de la sincérité de l'adolescente". Pendant ce huis clos, "j'ai vu une enfant en miettes, déchirée, venue dire à la cour d'assises qu'elle aimerait bien être crue" a-t-il précisé.

Le réquisitoire et les plaidoiries sont attendus demain matin. Le verdict devrait être rendu vendredi dans la soirée. Thierry Ferrer encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Pour aller plus loin :
Un dossier très complet réalisé par RTL

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