Les juges du tribunal correctionnel de Bobigny ont tenté vendredi de faire toute la vérité et de savoir ce qui s'était réellement passé dans la soirée du 22 février 2001, entre Marie (*) et un de ses collègues, ex brigadier de police au Lilas.
Cet homme de 46 ans est soupçonné d'avoir versé du GHB, un médicament anesthésiant et désinhibiteur dans le verre de champagne de la jeune femme et de l'avoir violée.
endant les trois heures d'audience, deux versions se sont affrontées au sujet du déroulement de la soirée.
Marie, la victime est en larmes quand elle explique avoir été droguée et abusée sexuellement. Elle raconte comment depuis, il lui manque quatre heures pendant lesquelles, elle ne se souvient plus de rien mis à part quelques flashs.
Quant au prévenu, selon l'enquête interne effectuée par la police des polices au commissariat des Lilas en janvier 2001, celui-ci qui ne possède aucun antécédent judiciaire, est apparemment, un homme sans histoire, un fonctionnaire bien noté par son administration. Pour ses collègues, il était " convivial, apprécié et compétent ".
Sans surprise, pendant l'audience, le policier continue de nier comme il l'a d'ailleurs toujours fait : il n'a jamais acheté de GHB ; d'ailleurs, il ne connaît pas ce produit. Marie s'est effectivement endormie et il est restée auprès d'elle pour la regarder dormir.
Au terme des débats, son avocate, Me Aude Touitou a repris la version de son client affirmant que ce dernier ne s'est jamais procuré de GHB.
" Aucune trace papillaire n'a été découverte sur la bouteille de champagne et sur les verres " et
" On ne sait pas qui a essuyé les traces de doigts de celui qui a utilisé la bouteille de champagne et les verres. " a-t-elle encore précisé.
Pourtant, les expertises toxicologiques sont formelles. Et elles ont mis en évidence que du GHB était bien présent sur la flutte de champagne et dans les cheveux de Marie. Une présence, que le prévenu ne parvient toujours pas à expliquer.
Pour Me Martine Moscovici, l'avocate de la victime, à entendre l'accusé, " il n'a rien versé et ma cliente n'a rien bu ! " Mais " les traces du GHB ne sont pourtant pas venues toutes seules ! " a-t-elle déclaré à l'issue de l'audience avant de conclure : " Visiblement, il y a eu agression sexuelle contre Marie. Il n'y a pas trace de sperme mais les préservatifs existent ! " ; L'enquête a montré en effet qu'il y avait eu des attouchements.
Quant à Marie, elle n'a plus aucun souvenir. Sur quatre heures, il lui reste cinq minutes. Pourra-telle récupéré le temps qui lui a été volé ?
Réponse vendredi 19 décembre prochain puisque le jugement a été mis en délibéré et qu'il ne sera connu qu'à cette date.
Pour le violeur présumé, libre à l'issue de l'audience, il sera ainsi fixé sur son sort et saura s'il doit retourner ou non en prison où il a déjà effectué seize mois de détention préventive.
(*) Le prénom de la jeune femme a été changé.