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Jeudi 12 décembre 2002
Rachid saidi
Mis en ligne le :
16/12/2002
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Dans le contexte actuel, c'est à dire avec les menaces terroristes qui pèsent sur la France, les attentats du 11 septembre, il est important de doter les musulmans d'une instance représentative. Mais cette réunion secrète à quatre n'est pas convenable. Dans le principe, il y avait à peu près une quinzaine d'associations qui se réunissaient régulièrement au sein de la COMOR pour discuter du futur CFCM. Il aurait été logique de continuer dans cette voie. On n'était pas à une semaine près. Et la transparence devait être totale tant les enjeux sont capitaux pour les musulmans.
Il est une évidence, ce futur conseil musulman ne sera crédible que s'il est libéré du fondamentalisme et de la tutelle des puissances extérieures.
Est-ce vraiment le cas ici ? Certainement pas. Tout le monde sait que les organismes qui ont signé sont soit sous influence extérieure, soit sous une emprise idéologique.
Une fois n'est pas coutume, j'adhère aux propos tenus par Rachid Kacci qui souligne que les trois organisations privilégiées par le ministre de l'Intérieur "sont entre les mains de puissances étrangères : l'UOIF est une émanation de la tendance des Frères musulmans contrôlés par l'Arabie Saoudite, la FNMF dépend de l'État marocain et la Mosquée de Paris de l'État algérien. Comment peut-on tolérer des tendances de l'islam, notamment l'UOIF et la FNMF, qui défendent le port du voile, qui dénoncent notre conception de la laïcité. Cette consultation n'aboutira qu'à légitimer le cheval de Troie de l'internationale intégriste au sein de notre République. C'est pire que le statu quo actuel."
Alors dans ces conditions, il est impossible honnêtement de fermer les yeux et de parler d'un islam de France. A cet égard, c'est un échec !
Il se pose aussi la question importante du contenu de cet accord ? Le Ministre de l'intérieur ne cachait pas sa volonté de confier la direction de ce nouveau conseil au recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, un algérien souvent maladroit, gaffeur mais malgré tout un modéré. Sans doute " le meilleur des pires ".
L'UOIF, en son temps privilégié par Jean-Pierre Chevènement, ne voulait pas entendre parler de cette nomination. Forte de ses nombreux militants, au prix d'alliances et de tractations diverses, elle était en mesure de remporter l'élection. Et la connaissant, il y a fort à parier que si elle a entériné cet accord, c'est que de larges " assurances " lui ont été données.
Dès lors, quelles garanties avons-nous que demain, ce futur conseil ne passera pas totalement dans les mains de l'UOIF, un mouvement fondamentaliste qui malgré toutes ses déclarations rassurantes n'a rien de commun avec nos valeurs françaises ?
Une simple visite sur son site permet de s'en convaincre.
Ainsi, concernant la femme, elle explique que : " le foulard est un moyen de libération pour la femme, car il permet son engagement dans la vie active en dehors de son foyer, puisqu'elle n'est pas tenue de le porter chez elle ". Phrase innocente en apparence mais il faut prendre le temps de lire et d'analyser, tant la rhétorique musulmane est opaque pour des non initiés. A l'UOIF, on n'impose jamais ouvertement le discours est plus subtile mais il reste malgré tout calqué sur le fondamentalisme.
De même comment interpréter les propos suivants: " Est musulman celui qui croit en Dieu et s'efforce de mettre sa vie entière en accord avec la révélation divine et les paroles du prophète (Hadiths). Il doit également s'employer à édifier la société humaine sur les mêmes fondements. "
En tant que musulman pratiquant, je m'interroge : monsieur Sarkozy en voulant fermer rapidement, ce dossier a sans doute oublier que c'est dans la durée que s'inscrit l'islam militant et nous savons qu'ils ont tout leur temps…
3/3
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