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PORTRAITS
François Fillon : le marginal
Cet homme de 48 ans, marié et père de cinq enfants, occupe actuellement un ministère des plus sensibles,
celui des affaires sociales et de l'emploi, le troisième dans l'ordre protocolaire. Plus discret et effacé
que son collègue de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, il ne souhaite certainement pas rester continuellement "l'homme de l'ombre"
et pourrait parfaitement devenir premier ministrable.
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dimanche 15 septembre 2002.
Abdel Kacem
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Le gaulliste modéré :
François Fillon est né le 4 mars 1954 à Cérans-Fouilletourte
près du Mans dans une famille de notables provinciaux. Sa mère, Anne est universitaire
et écrit des études historiques sur la région sarthoise. Quant à son père Michel, il tient une étude notariale.
Ils seront quatre garçons à naître dans cette famille plutôt conservatrice parmi eux
un décédera accidentellement, un autre sera musicien rejoignant pendant un temps le groupe
de Michel Fugain, le troisième ophtalmologiste.
Quant à François Fillon, après des études traditionnelles dans les établissements catholiques de la région, il étudie le droit public
au Mans puis à l'Université René Descartes à Paris ainsi qu'à la Fondation nationale de sciences politiques.
Il en ressort titulaire d'une maîtrise de droit public et diplômé d'études appliquées
en droit public et en sciences politiques.
Voulant devenir journaliste, il effectue pendant trois ans, des stages à l'AFP. Mais
son destin sera tout autre et il prendra le visage de Joël Le Theule.
En effet, ce dernier député gaulliste de la Sarthe et maire de Sablé est un ami de la famille et plus particulièrement,
de Michel son père et il recherche
un assistant parlementaire. François Fillon est embauché.
Travailleur, discret et courageux et malgré la forte charge de travail, il concluera ses études
par une thèse sur les politiques de Défense comparées de Giscard et De Gaulle.
Lorsque Joël Le Theule est nommé ministre des Transports en 1978, puis ministre de la Défense en 1980,
François Fillon le suivra comme chef de cabinet adjoint d'abord, puis comme chargé de mission ensuite.
Le décès brutal de M. Le Theule en 1980, provoque une trés grande émotion
dans la Sarthe, circonscription que cet homme, à la fois maire, conseiller général et député
dominait depuis 20 ans.
François Fillon malgré son jeune âge (27 ans) apparaît comme le successeur naturel,
le fils spirituel.
En 1981, François Mitterand est élu Président de
la République et l'Assemblée Nationale est dissoute. François Fillon se porte candidat.
En pleine vague rose, il parvient à se faire élire de justesse et devient
le benjamin de l'Assemblée.
La même année, il est élu conseiller général dont il deviendra le Président en 1992.
En 1983, il devient maire de Sablé jusqu'en 2001, année où il doit renoncer pour cause de cumul,
à son mandat local
conformément au souhait du Président Chirac.
En 1998, il succède à Olivier Guichard à la présidence du conseil régional
des Pays de la Loire.
C'est un à un que François Fillon gravira tous les échelons locaux
mais et cela est notable, sans coups d'éclat,
ni coups bas.
Contrairement, à certains membres du gouvernement Raffarin, ce n'est pas un nouveau venu.
C'est en effet, la quatrième fois qu'il est nommé ministre:
sous le gouvernement Balladur d'abord où il fut successivement,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche entre 1993 et 1995,
puis ministre des Technologies et de l'Information
avant d'être nommé sous le gouvernement Juppé
ministre délégué chargé de la Poste, des Télécommunications et de l'Espace.
François Fillon, spécialiste des questions militaires, aurait préféré le ministère de la défense,
un domaine où il a beaucoup travaillé notamment en présidant de 1986 à 1988, la Commission de
la Défense à l'Assemblée nationale. Il a du y renoncer, Michèle Alliot-Marie exigeant un ministère
régalien et le Président Jacques Chirac préférant "une sorte de gaulliste de gauche",
un promoteur du nouveau dialogue social dans ce ministère "sensible" des affaires sociales et
de l'emploi.
A ce titre, il devient une des "valeurs sûres" du gouvernement Raffarin, et
l'un des "piliers" de l'action gouvernementale.
Partisan déclaré de l'expérimentation et de la décentralisation, favorable à la création
d'un grand parti unique, il a été l'un des principaux rédacteurs du projet de l'Union en mouvement
(UEM), devenue Union pour la majorité présidentielle (UMP). L'Élysée l'apprécie, pourtant
ce fanat d'internet ne fut jamais chiraquien.
Au RPR, il appartient à la mouvance séguiniste. Porte-parole
de la commission exécutive du RPR en 1998,
il devient Conseiller politique entre 1999 et 2001.
Pourtant ce proche de Philippe Seguin, sous ses
airs d'enfant sage presque timide, sait rester un électron libre, un indépendant et il possède
un vrai caractère.
Ainsi, en 1995, il choisit de soutenir la candidature d'Edouard Balladur à la présidentielle
plutôt que celle de Jacques Chirac. En 1999, il se met à son compte et se présente à la présidence
du RPR après la démission
de Philippe Seguin. Ce mal aimé des chiraquiens qui le trouvent opportuniste, trop "minet", trop modéré,
recueille
malgré tout
presque 25% des voix.
Au sein du gouvernement, il est de ceux qui s'opposent à la ligne droitière représentée par Nicolas
Sarkozy. Prudent selon certains, calculateur selon d'autres, il est partisan de la méthode des "petits pas" et
du "consensus" qu'il dit vouloir privilégier. Nicole Notat appréciait son sens de la
concertation, du dialogue et sa courtoisie.
En prenant aujourd'hui, la succession de Martine Aubry et d'Elisabeth Guigou et de
son mentor Philippe Seguin(1986-1988),
il va devoir mettre toutes ses qualités à l'épreuve.
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