Portraits Zacarias Moussaoui : un jeune homme presque ordinaire
Chaleureux, ouvert et courageux, les éloges ne manquent pas pour vanter le mérite de ce jeune Français, Zacarias Moussaoui.
Tant et si bien, qu'on a bien du mal à reconnaître en 2001, celui qui écrit ou tient les propos suivants :
"Je suis effectivement un fondamentaliste musulman ouvertement hostile aux juifs et aux Etats-Unis d’Amérique.
Je suis un membre d'al-Qaïda, et je jure fidélité à Oussama ben Laden".
Zacarias Moussaoui, ce jeune homme si gentil, si humain n'est plus que violence et haine n'hésitant pas à traiter
son avocat de "sale juif fanatique", et de "fasciste d’extrême droite", prévenant dans une note, la juge Leonie Brinkema :
"Allah vous maudit et vous maudira jusqu’à la fin de votre vie !".
Surveillant dans un lycée de Narbonne, il décide d'améliorer son anglais et en 1992, il part étudier à Londres.
C'est là-bas que sa vie va basculer.
un jeune homme bien sous tout rapport.
Zacarias Moussaoui est né
à Saint-Jean-de-Luz, le 30 mai 1968. Après une enfance et une adolescence sans problème particulier, il décroche
un bac professionnel en 1988.
Comme beaucoup de jeunes, Zacarias cherche encore sa voie espérant parvenir à la réussite.
Il poursuit ses études à Perpignan et y obtient un BTS de technico-commercial en 1990. A l'université Paul-Valéry, il acquiert
un DEUG d'AES. Partout où il passe, il donne satisfaction, dans les entreprises où il accomplit ses stages, il ne reçoit que des
compliments.
Surveillant dans un lycée de Narbonne, il décide d'améliorer son anglais et en 1992, il part étudier à Londres.
C'est là-bas que sa vie va basculer. Il fréquente la mosquée de Baker Street où il rencontre le cheik Omar Abu Omar, un radicaliste
d'origine égyptienne considéré comme le chef spirituel d'Al-Quaïda en Europe. Il y apprend notamment les thèses dispensées qui sont
que l'alcoolisme, le sexe et la drogue sont directement issus du capitalisme occidental et de la culture judéo-chrétienne.
Sa route croisera aussi celle de l'homme aux "chaussures piégées", Richard Reid.
En 1995, Zacarias est diplômé de l'univerté de South Bank.
Mais depuis 1994, la justice française soupçonne un certain "Zacarias" établi à Londres d'entretenir des liens étroits avec le Djihad
islamique, le groupe terroriste qui avait revendiqué les attentats commis en 1995. Elle demande à la Grande Bretagne de pouvoir
procéder à quelques vérifications. L'Angleterre estimant que cette dernière ne possède pas assez d'élément ne lui permet pas
d'effectuer les perquisitions à son domicile.
En 1997, Zacarias revient dans sa famille. Après cinq ans d'absence, il est totalement méconnaissable. Il porte la barbe, un pantalon
pakistanais et s'est rasé le crâne.
Zacarias n'est plus le jeune homme chaleureux que sa famille a connu. Son discours est devenu franchement anti-occidental.
Il est nerveux et se dispute même violemment avec l'imam de Narbonne qui lui reproche d'endoctriner les jeunes de sa mosquée
avec "de mauvaises croyances".
Fin 1997, le jeune homme part en Tchéchénie.
En 1998, il rejoint l'Afghanistan où il s'entraîne dans des camps d'Al-Quaïda.
En 1999, la DST qui observe qu'il a effectué plusieurs voyages au Pakistan et en Afghanistan alerte vainement,
les autorités britanniques.
En février 2001, il se rend aux Etats-Unis et s'inscrit à une école de pilotage de l’Oklahoma.
Le 3 août 2001, Zacarias Moussaoui achète deux couteaux dans un magasin d'Oklahoma City. Un détail apparemment insignifiant sauf
lorque l'on sait que les kamikazes du 11 septembre ont utilisé couteaux et cutters lors du détournement des avions. Mohammed ATTA
par exemple, a acheté le sien le 30 août.
Le 17 août 2001, Zacarias est arrêté dans le Minnesota, son comportement suspect avait attiré l'attention du directeur du centre de
pilotage. Cet élève ne s'intéresse en effet, qu'au pilotage des boeing 747 et n'est pas attiré par l'apprentissage des manoeuvres de
décollage ou d'atterrissage. Il aurait même déclaré au directeur qu'il n'avait pas besoin d'apprendre à décoller ou à atterrir mais
seulement de connaître comment effectuer des virages. Ses cours, il les paiera toujours en espèces.
Ses instructeurs finiront par alerter le FBI. Les policiers retrouvent sur lui un faux passeport algérien et constatent que son visa
américain est périmé. Il est immédiatement incarcéré. La DST, le service de contre-espionnage français alerte immédiatement, les autorités
fédérales, elle ne sera pas entendue.
l'incompréhension de la famille.
Dans un entretien accordé au Midi Libre, Aïcha Moussaoui, sa mère explique pourquoi son fils est tombé dans l'intégrisme.
En France dit-elle " on ne lui a pas laissé la chance de faire un parcours scolaire normal. Il voulait faire un bac général
comme tout le monde. On le lui a refusé, en lui disant qu’un brevet d’électricien suffisait. Ils ont fait la même chose avec
son frère qui a un brevet de plombier. Quand Zacarias sortait avec ses copains, il se faisait refouler parce qu’il n’avait pas
la même couleur que les autres ! Il a fréquenté une copine pendant dix ans et il n’a jamais été accepté par sa famille ! Il y a
trop de choses qui se sont accumulées".
Abd Samad Moussaoui ne comprend pas lui non plus. Le parcours de son frère "reste un mystère". Dans son livre intitulé
"Zacarias Moussaoui, mon frère", il s'interroge "Comment quelqu'un d'aussi ouvert, aussi communicatif et chaleureux, comment
quelqu'un d'aussi ambitieux, aussi investi dans la préparation de ses diplômes, aussi désireux de s'extraire d'un milieu social
défavorisé, comment quelqu'un comme lui peut-il se laisser phagocyter par de telles crapules ?"
Dans son ouvrage, il témoigne aussi de la difficulté de l'intégration à la française, du mal de vivre de ces jeunes sans repère
qui parfois peuvent fragiliser et permettre le développement de l'extrémisme sectaire notamment du dangereux wahhabisme saoudien
et qotbiste. "Mon frère croyait qu’il n’était pas reconnu à sa juste valeur, il se plaignait du racisme, il était fragile, bref,
c’était la cible idéale pour les fondamentalistes".
Des explications a postériori, sans doute simplistes et insuffisantes mais qui témoignent surtout de la douleur d'une famille et
de son incompréhension.
- "Zacarias Moussaoui, mon frère" de M. Abd Samad Moussaoui
- Journal le "Midi Libre" du 13/12/01, entretien avec Aïcha Moussaoui