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Procès
Le procès de la haine
Ouverture mardi devant la cour d'assises de l'Essonne du procès des cinq jeunes accusés d'avoir assassiné Romuald Regina d'un coup de fusil. Le jeune adolescent, âgé de 14 ans a été la victime innocente d'une guerre que se livrent depuis des années, deux quartiers rivaux de l'Essonne.


Lundi 1er décembre 2003

Farid Souiah et Samia Achour

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"Elle veut juste obtenir une réponse à la question qui la hante depuis trois ans : pourquoi ?".
Me Michel Stansal, avocat de la maman de Romuald - Lundi 1er décembre 2003.

 

" Pompe "

Dans l'après-midi du 8 novembre 2000, un jeune de la cité des Epinettes-Aunettes d'Ivry est tabassé et volé au centre commercial d'Ivry II par une bande rivale venue de la cité du Canal de Courcouronnes, deux quartiers rivaux, distants d'à peine huit cent mètres. Une rixe comme une autre, une bagarre de plus dans ce centre commercial qui en connaît régulièrement.

Apprenant la nouvelle, Aurélien Legrain, 22 ans, Moktar Dris, 22 ans, Sofien Hassnaoui, 24 ans, Ouicem S'Hili, 26 ans et Fabrice Adenor, 25 ans décident de mener une opération de représailles. Ils passent chercher un fusil à pompe dans lequel, ils mettent trois cartouches. Apercevant l'arme, Fabrice prend peur. Craignant un dérapage, il décide de ne pas participer à cette opération " commando " et rentre chez lui.

Les quatre autres sont bien décidés à ne pas en rester là. Ce passage à tabac ne doit pas rester impuni et réclame une vengeance immédiate.

Au même moment, Romuald 14 ans se rend avec deux copains du même âge à son entraînement de boxe. Alors que les adolescents traversent la Place du Printemps, ils aperçoivent une Peugeot 306. Un des passagers descend sa vitre. Pensant qu'on va leur demander un renseignement, les trois garçons s'approchent du véhicule arrêté. Soudain, l'un d'entre eux voit le canon d'une arme sortir de la vitre arrière droite. Il avertit ses copains : " pompe ! " et ils se mettent à détaler. Mais deux coups de feu claquent ; Romuald tombe brutalement sur le trottoir. Son ventre est criblé de plombs et les secours ne parviennent pas à le réanimer. Il décède quelques minutes plus tard tout près de son domicile.

" On réglera ça nous-mêmes ! "

Pour les policiers, l'enquête qui débute s'annonce difficile. Rapidement, ils sont confrontés à l'omerta. Les deux quartiers rivaux pour une fois sont d'accord pour s'enfermer dans un silence absolu. Il faut dire que les grands frères de chaque camp ont donné leurs consignes ou ont délivré leurs menaces : personne ne doit " l'ouvrir " ; " On réglera ça nous-mêmes ! "

La famille de Romuald lance vainement, un appel au calme. Peu après la mort du garçon, les affrontements reprennent de plus belles. Une cellule de veille est installée dans les cités. La police peine à découvrir la vérité. Même les deux adolescents présents au moment de l'assassinat de Romuald mettront du temps à parler. Malgré tout, leurs déclarations tardives permettront aux enquêteurs de savoir que le tireur était gaucher puisqu'il avait épaulé l'arme à gauche. En attendant, les rumeurs circulent et enflent. Deux jeunes seront même interpellés par erreur. Quant au " commando " il est protégé par le quartier. Au bout d'un mois d'investigations, cinq suspects sont interpellés, parmi lesquels Aurélien qui est gaucher. Les suspects reconnaîtront les faits. Malgré tout le climat reste tendu et le jour du premier anniversaire de la mort de Romuald, le frère d'Aurélien reçoit plusieurs coups de couteaux.

Un procès difficile :

C'est une lourde tâche qui attend les jurés. Pour comprendre ce qui c'est passé, ces derniers vont devoir s'immerger dans un monde " à part ". Parmi les suspects, quatre dont Aurélien Legrain, Moktar Dris, Sofien Hassnaoui et Ouicem S'Hili sont renvoyés pour assassinat ou complicité d'assassinat. Tous ont reconnu leur participation à l'expédition punitive et encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Quant au cinquième, Fabrice Adenor, il est renvoyé devant la Cour pour complicité. Il n'a pas participé à l'opération mais a dissimulé l'arme après le meurtre et risque cinq ans de prison. Comme ses compères, il comparaîtra détenu pour cause de non respect de son contrôle judiciaire qui lui interdisait de retourner dans l'Essonne. Il est emprisonné depuis octobre dernier.

Les débats seront dirigés par le Président, Dominique Coujard. Le ministère public sera représenté par l'avocate générale, Hélène Cazaux-Charles.

Me Michel Stansal sera l'avocat de la famille de Romuald. La maman toujours très digne et qui n'a pas demandé le huis clos ne réclame pas " vengeance ". " Elle veut juste obtenir une réponse à la question qui la hante depuis trois ans : pourquoi ? " confie son défenseur. Me Damien Brossier, assurera la défense d'Aurélien Legrain, le tueur présumé. Pour Me Brossier, son client est aujourd'hui " effondré ". Il assume son acte et le regrette mais n'a jamais eu l'intention de tuer l'adolescent. Toujours, selon la défense, Aurélien aurait d'ailleurs tiré vers le bas. La mort de Romuald serait donc accidentelle.

Une thèse que ne retient pas le parquet du tribunal d'Evry puisque le suspect a été renvoyé devant les Assises pour " meurtre avec préméditation ".

Le procès qui se déroulera sous haute surveillance policière devrait se terminer le mercredi 10 décembre. L'audience débutera par l'examen de la personnalité des cinq accusés.

| Enquête sur le terrain auprès de ces jeunes d'Evry et de Courcouronnes.   | A la rencontre de Wahid, un Président d'une association de quartier dans les Epinettes.   | Ahmed Président d'une association de Courcouronnes - 29 ans.   |

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