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Lundi 1er décembre 2003
Farid Souiah et Samia Achour
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Ahmed Président d'une association de Courcouronnes - 29 ans.
"-Le problème des cités, c'est qu'elles sont trop écartées du centre ville ! Elles sont trop enclavées, isolées. Cela paraît un peu bateau de dire cela car tout le monde, sociologues, politiques le répète depuis des années. Tout le monde l'admet mais personne ne fait rien. J'ai lu les déclarations du ministre de la ville, Monsieur Borloo et son analyse est très juste. Mais les gestionnaires d'HLM s'en foutent. Ils continuent d'envoyer les mêmes populations dans ces quartiers.
Le quartier est dominé par une bande formée d'un petit groupe de leader et de membres. Ils traînent, ne travaillent pas, font du business. Ils ont fixé des limites à ce qu'ils considèrent être comme leur territoire. Celui qui n'est pas du quartier est un étranger. Pour y pénétrer, il doit obtenir l'accord du groupe. Tout contact avec l'extérieur doit être limité au strict minimum.
Les règles, les lois, ce sont eux qui les décrètent. Ils n'acceptent aucune autre norme, aucune autre contrainte qui viendraient de l'extérieur. Si bien qu'un comportement qui ne sera pas toléré dans la société pourra l'être dans le groupe. Et tout le monde démissionne et accepte : les familles, l'école, l'état etc.
Ils ne se reconnaissent ni dans leur culture familiale, ni dans la culture proprement française. Seule leur petite bande devient organisée. Dedans, on y trouve de tout mais également une solidarité que la société ne leur apporte pas. Les jeunes à la recherche d'identité, vont en trouver une dans le quartier. Il deviendra leur territoire, leur seule identité - je suis du quartier des Epinettes par exemple - et ils vont le protéger de toute intrusion.
Il y a beaucoup de délinquance ici. Ils sont très attirés par la réussite présentée par la publicité. La délinquance est un moyen de se procurer cette réussite. Il faut aussi que cette dernière soit très visible et elle s'acquiert selon leur règle. La première étant de refuser ce qu'ils appellent " le système ". Le travail ne sera pas un moyen d'y parvenir. Pour eux, l'école ne peut pas être un moyen d'y arriver car c'est trop long ! Il leur faut tout, tout de suite ! Ils vont développer une activité souterraine qui en plus va leur permettre de frimer.
Pour les familles et les habitants, celui qui trafique n'est pas considéré comme un garçon violent, comme une menace. Il n'est pas rare que des parents me parlant d'un trafiquant notoire me dise de lui que " c'est un débrouillard !".
Et puis, il faut bien admettre que les parents mais surtout les mères attendent beaucoup de leur fils, beaucoup trop même ! Très jeune, dès 10 ans, un garçon a beaucoup de pression sur lui ! IL ne doit surtout pas devenir ouvrier comme son père ! IL faut qu'il réussisse à l'école ! Il doit devenir ce fils parfait qui sera " le futur de la mère " qui lui apportera la maison de ses rêves, l'argent qui lui manque, le confort. Il devra la mettre à l'abri des difficultés. Pour beaucoup c'est trop d'attentes et très vite, ils vont se rendre compte qu'ils n'y parviendront jamais. Il va falloir qu'ils trouvent un moyen. Et il sera plus simple pour lui de faire croire que son échec social est un acte volontaire, comme cela, il pense qu'il n'aura plus à rendre de compte. Il va essayer de devenir un héros mais sans le système et plutôt hors du système !"
· Les prénoms ont été changés.
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