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Enquête
Genèse de la haine
Enquête sur le terrain auprès de ces jeunes d'Evry et de Courcouronnes et auprès d'associations locales.


Lundi 1er décembre 2003

Farid Souiah et Samia Achour

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"Mais y a de l'ordre ici ! Regardez ! vous êtes là avec nous, on discute entre adultes et personne vous noise ou vous branche ! ".

  Nous poursuivons notre enquête et partons à la rencontre d'un Président d'une association de quartier dans les Epinettes. Nous l'appellerons Wahid. Il a 28 ans et a toujours vécu dans le quartier.

" -L'histoire de ce fameux poisson, je la connais comme tout le monde ! Mais, ce n'est qu'un prétexte. Ici, c'est un vrai territoire fermé, clos, replié mais très délimité. Tout ce qui est hors de ce territoire est considéré comme hostile, comme un étranger quelque chose ou quelqu'un qu'il faut rejeter. Même nous, les associations de quartiers, sommes considérées comme des complices de cette société détestée. Ceux qui dans le quartier ont réussi socialement par exemple, font également l'objet d'un rejet. Issus du quartier, ils ne sont pas physiquement agressés mais ils sortent du cercle. Pour eux, tu dois rester dans une sorte de statut prolétaire sinon, tu sors de la norme, de la majorité. Ta réussite, tu l'as obtenue parce que tu as renié tes origines et parce que tu es devenu forcément, complice d'un système, un allier de l'autre monde dont ils ne font pas partie. Ils refusent tout ceux qui ont une vie différente de la leur. Ainsi, un jeune issu du quartier qui obtient un diplôme quelconque, il ne sera jamais objet de fierté, il ne servira pas de modèle aux plus jeunes.

La devise du quartier c'est " la haine ". Ils sont très regardant sur ce qu'on appelle, le respect. Et personne n'échappe à ce respect qui leur est du, aucun jeune, aucun adulte et aucun policier. Personne ne doit leur tenir tête car aussitôt, ils se sentent agressés et humiliés. Si je leur adresse un reproche justifié ; pour eux, il s'agira d'une provocation. Et c'est ainsi avec tout le monde. Ils ont établi leurs propres règles mais elles n'ont rien à voir avec des règles sociales. Ainsi pour ces jeunes, par exemple, la civilité, n'existe pas.

Dans cette guerre des quartiers, la solidarité est totale et aveugle. Elle peut venir de la peur et être obtenue par la menace mais pas uniquement. Dans ces affrontements, il n'y a pas vraiment de mobile, de raison. Cela peut-être des questions d'honneur effectivement mais aussi des questions d'intérêts liés à de l'économie souterraine. Tout peut aller très vite et partir d'une simple rumeur qui se colporte très rapidement dans les cités. Vous pensez bien, que ces jeunes ne vont pas analyser ce qu'on leur raconte pour savoir si c'est vrai ou faux ! Déscolarisés la plupart du temps, ils n'ont aucun esprit critique, pas de raisonnement intellectuel. Si bien que la rumeur devient rapidement une preuve pour eux et elle leur suffit amplement.

La violence, les guerres urbaines peuvent vite devenir une sorte de spectacle comme celui qu'ils regardent dans certains films. Je profite de cet interview pour dire que lors de violences urbaines, de nombreuses associations de quartiers à Evry mais je sais que c'est le cas dans de nombreux autres départements, nous déplorons le fait que trop souvent, par manque de connaissance ou par simplicité, les médias, ou ce qui est plus grave, les autorités locales ou policières discutent trop souvent avec le meneur. Et c'est très grave ! En premier lieu, cela ne mène à rien et ensuite cela conforte son rôle de " chef " tout puissant. Souvent " hors la loi ", il devient néanmoins, incontournable, ce qui le valorise et lui vaut le respect de tous les autres y compris des plus jeunes. Ceux que l'on nomment " les grands frères " aiment également cette image virile qu'ils renvoient aux autres. Beaucoup d'adolescents d'une dizaine d'années qui sont issus de familles éclatées, dont la mère est seule sont livrés à eux-mêmes.

Ce sont ces " grands frères " qui sont un tout petit nombre qui vont faire leur éducation, qui leur inculquent les seules valeurs qu'ils connaissent: " Ainsi, pour être un homme tu dois te battre et même si tu rentres avec des bleus, c'est pas grave car c'est ainsi qu'on devient un homme ! Et cela fait mal de devenir un homme ! Tu vas devoir t'en prendre plein la tête !" Ils vont leur apprendre comment ne plus être une " fillette ". Pour cela, le gamin va devoir prouver son courage et sa force. Ici, il y a deux façons de reconnaître un homme, un adulte : la violence et le sexe. Ils sont éduqués comme cela, c'est une vraie culture machiste ".

· Les prénoms ont été changés.

| Enquête sur le terrain auprès de ces jeunes d'Evry et de Courcouronnes.   | A la rencontre de Wahid, un Président d'une association de quartier dans les Epinettes.   | Ahmed Président d'une association de Courcouronnes - 29 ans.   |

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