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Procès
Un monde virtuel
Après la première journée d'audience, la Cour d'assises d'Evry va continuer aujourd'hui, sa plongée dans un monde à part, celui des cités et des quartiers. Le tribunal va entendre ce mercredi, un des policiers responsable de l'enquête, l'expert qui a pratiqué l'autopsie de Romuald puis un des jeunes qui accompagnait la victime, le jour du drame, le 8 novembre 2000.


Jeudi 4 décembre 2003

Farid Souiah et Samia Achour

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"Ces jeunes vivent dans un monde virtuel, un monde de jeux vidéo. Ils connaissent les armes, mais ne réalisent pas vraiment les dangers liés à leur usage. ".
Le commandant Hervé Deydier de la Sûreté départementale - Mercredi 3 décembre 2003 - tribunal d'Evry

  Après une première journée d'audience consacrée à l'examen de la personnalité des cinq accusés, la cour va de nouveau tenter de comprendre l'univers bien particulier de ces quartiers, de ces cités.

Mercredi, le commandant Hervé Deydier de la Sûreté départementale a évoqué à la barre le " monde virtuel " dans lequel vivaient les accusés. Le Président Dominique Coujard lui demande alors si les jeunes des quartiers sont conscients de leurs actes "Ces jeunes vivent dans un monde virtuel, un monde de jeux vidéo. Ils connaissent les armes, mais ne réalisent pas vraiment les dangers liés à leur usage" explique-t-il.

Pour illustrer ses propos, l'enquêteur raconte que Mokhtar Dris, 22 ans, qui se trouvait à l'arrière du véhicule en compagnie d'Aurélien Legrain, le tireur présumé, a déclaré lors de sa garde à vue "Je ne savais pas comment ça fonctionnait, un fusil. Je croyais que c'était comme dans les films".

Puis M.Deydier confirme ce que le tribunal sait déjà : Romuald est mort à cause d'une " embrouille " survenue au centre commercial et opposant "petits" d'Evry et "petits" de Courcouronnes. Une dispute qui dégénère. David, un jeune de 17 ans est alors " massacré ". A Evry, " les grands " prennent les choses en main et montent l'expédition punitive. Ce jour-là, Romuald jeune victime innocente, se trouve au mauvais endroit au mauvais moment et sans doute en mauvaise compagnie.

Mamadou était avec Yannick ce jour-là. Les deux garçons étaient impliqués dans l'embrouille de l'après-midi. Après avoir joué au foot avec Romuald, ils décident de l'accompagner à son entraînement de boxe. Aujourd'hui âgé de 16 ans, Mamadou est venu témoigner à la barre :
"Le canon du fusil est sorti par la vitre arrière, on a fait demi tour chacun de son côté" raconte-t-il.

Sa voix s'étouffe lorsqu'il doit évoquer la mort de son copain : "Il était par terre". Il se tait ne parvenant pas à décrire la mort de Romuald, qui décède dans ses bras. "Vous saviez qu'il était mort?" lui demande l'avocate générale Hélène Cazaux-Charles.
" Non " répond-il tout doucement.
Puis, Mamadou se tait, il se ferme. Le ministère public lui lit la déclaration qu'il a faite lors d'un interrogatoire :
"Du sang sortait de sa bouche, il a dit [putain] ".

"Vous avez déclaré aux enquêteurs [Ils visaient Yannick et moi, on avait eu une embrouille avec Portos]" poursuit encore l'avocate générale.
"Peut-être, j'sais pas" répond le jeune garçon avant de se réfugier définitivement dans le silence.

C'est dangereux une arme !

Le légiste qui intervient ensuite explique que le décès du jeune Romuald résulte d' "un poly-criblage de plombs dans la zone cœur/poumon " qui a entraîné " une hémorragie interne ". Des plombs souligne-t-il " ayant une portée de 280 mètres, quand ils sont tirés à douze mètres ".

Aurélien Legrain qui a monté l'expédition punitive pour venger l'agression d'un "petit" d'Evry a reconnu avoir tiré la décharge mortelle :
"Je savais pas que c'était si dangereux une arme!" déclare-t-il les yeux baissés.
A cet instant, une voix sourde s'élève de la salle : "Et si je te tire dessus, ça va faire quoi?" hurle un oncle de Romuald. Les forces de l'ordre interviennent pour l'évacuer. Avant de quitter le tribunal, il lance à Aurélien :
"Regarde bien ma tête!".

Demain la cour devrait auditionner la maman de la jeune victime. Quatre des accusés, Aurélien Legrain, Moktar Dris, Sofien Hassnaoui et Ouicem S'Hili encourent la réclusion criminelle à perpétuité, le cinquième Fabrice Adenor risque jusqu'à trois ans de prison pour avoir dissimulé l'arme du crime.

Le procès doit durer jusqu'au 10 décembre prochain.

| Enquête sur le terrain auprès de ces jeunes d'Evry et de Courcouronnes.   | A la rencontre de Wahid, un Président d'une association de quartier dans les Epinettes.   | Ahmed Président d'une association de Courcouronnes - 29 ans.   |
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