 |
vendredi 22 novembre
Hamid Bellahcem
Mis en ligne le 25 novembre
• Imprimer l'article
• Envoyer l'article


|
|
Lorsque Jean-Marie Rouart apprend l'assassinat de Madame Marchal
et la découverte des inscriptions post-mortem trouvées sur les lieux du crime, le directeur
du "Figaro Littéraire" acquiert la conviction que ces accusations vont peser lourd sur le cours de l'enquête et
que cette dernière risque d'être forgée avec plus de certitudes que de preuves.
Trois ans plus tard, Omar Raddad est condamné.
L'écrivain est indigné et rédige pour le Figaro, des billets où il clame l'innocence du jardinier :
« Cet homme qu'on maintient en prison comme un moderne masque de fer de crainte de voir apparaître le visage de la vérité. »
Dès 1994, il reprend toute l'enquête, rencontrant des proches d'Omar et de la victime, Ghislaine Marchal. Il ne compte pas son
temps et découvre que des pistes n'ont pas été suivies, et que l'enquête a été faite exclusivement à charge.
Les questions qu'il pose embarrassent les enquêteurs et mettent en évidence une enquête bouclée à la va-vite.
Pourquoi n'a-t-on pas mesurer le doigt de la victime pour le comparer au tracé de la phrase accusatrice avant de l'incinérer?
s'interroge-t-il.
L'écrivain découvre aussi que la victime avait une peur panique du feu et qu'elle avait acheté un caveau au cimetière de Mougins
pour y être enterrée.
Mais dans ce cas demande-t-il, pourquoi la famille à préférer incinérer le corps?
le directeur du "Figaro Littéraire" oppose le petit jardinier sans le sou à la toute puissante famille Marchal qui compte dans
son cercle de relations, le bâtonnier Bigot du Grandrut qui dit-il a pesé de tout son poids dans la balance de la justice et de
l'enquête.
Jean d'Ormesson et Bernard Franck et de nombreux intellectuels viendront rejoindre le rang des défenseurs d'Omar Raddad.
En 1994, M.Rouart décide de publier le résultat de ses investigations dans un ouvrage qui
fera beaucoup de bruit : "Omar, la construction d'un coupable". Dans ce livre, réédité en 2001,
il suggére que le véritable coupable serait en fait, le fils de la victime n'hésitant pas à parler
de "complot" et d'une enquête "orientée par la famille".
Il est alors poursuivi pour diffamation.
Le 19 février, l'écrivain est condamné pour "complicité de diffamation".
A l'audience, s'il reconnaît son intention de vouloir "faire éclater la vérité" il redit
sa volonté de ne vouloir accuser personne en particulier.
En ce qui concerne le terme de "complot" employé, M. Rouart explique qu'il entend
ainsi "incriminer les juges et un état d'esprit défavorable à Omar Raddad".
Par contre, il ne pourra détailler de quelle manière la famille Marchal a, comme il l'affirme,
"orienté l'enquête".
Cette condamnation sera confirmée par la cour d'appel, le 10 octobre 2002.
Eve Livet a publié en 1999, un livre où elle livre le résultat de sa minutieuse enquête.
L'auteur qui a analysé les 6 tomes du dossier d'instruction et a recueilli de nombreux témoignages
est certaine de l'innocence d'Omar Raddad.
Pour cette journaliste, Ghislaine Marchal,
"n'est pas l'auteur des inscriptions en lettres de sang, celle-ci n'a pas eu la capacité
physique ou mentale d'accomplir le blocage de la porte de la cave" et enfin,
le mobile invoqué par l'accusation à savoir le vol d'argent ne tient pas.
Plus qu'un "profond dysfonctionnement de l'institution judiciaire",
l'auteur voit dans ce dossier un exemple
de "procès en sorcellerie où, quoique vous démontriez, on inventera toujours des charges contre vous".
L'Affaire Omar :
Mensonges et Vérités
de Eve Livet.
|
 |