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Mercredi 1 janvier 2003
Stéphane Brume
Mis en ligne le :
03/01/2003
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Abderazak Besseghir, un français de 27 ans vient d'être mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", "infraction à la législation sur les armes, les munitions et les explosifs" et "détention de faux documents administratifs".
Le bagagiste domicilié à Bondy en Seine-Saint-Denis avait été interpellé, samedi suite à la découverte d'armes et d'engins explosifs " prêt à l'emploi" dans le coffre de sa voiture à savoir : un pistolet automatique, un pistolet mitrailleur ainsi que cinq pains de tolite de 200 grammes, d'origine militaire yougoslave, deux détonateurs, une mèche lente. Les policiers ont également découvert de la documentation pro-palestinienne dénonçant le massacre de Sabra et Chatila, un document à caractère religieux ainsi que des pages d'un catalogue montrant des tenues de pilotes d'avion.
Un oncle de l'employé de Roissy a été lui aussi placé en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", "infraction à la législation sur les étrangers" et "détention de faux documents administratifs".
Interpellé au domicile de la famille Besseghir, alors qu'il tentait de s'enfuir, cet Algérien de 43 ans était entré en France de façon illégale et détenait une pièce d'identité falsifiée.
Les deux hommes ont été placés en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention.
Pendant ses quatre jours de garde à vue, l'employé de Roissy a toujours affirmé être la victime, d'une vengeance familiale émanant de sa belle-famille. C'est un tiers qui aurait donc déposé ce colis pour lui nuire, le véhicule étant celui de sa femme défunte.
Ce conflit familial trouve sa source dans le décès de son épouse Louisa. L'été dernier, cette dernière s'est immolée par le feu dans leur domicile de Bondy. L'enquête a conclu à un suicide mais la famille de la jeune femme reste persuadée qu'Abderazak est l'unique responsable de la mort de leur fille. Les policiers ont effectué les vérifications nécessaires et notamment une perquisition à leur domicile mais ils n'ont rien trouvé qui puisse étayer la thèse du complot.
Son avocat, Me Philippe Dehapiot, confirme cette thèse du complot familial. Son client est un employé modèle, inconnu des services de renseignement qui est "victime d'une machination".
"Nous attendons avec impatience et sérénité les analyses de police technique concernant notamment les empreintes digitales ou les traces ADN relevées sur les armes et les explosifs", a-t-il déclaré à l'AFP.
Selon ce dernier, Abderazak Besseghir "réfute totalement l'idée d'appartenir à une mouvance religieuse ou politique et ignorait complètement que le coffre de sa voiture contenait des armes et des explosifs". Mais le témoignages d'un légionnaire présent sur le parking semble contredire cette thèse. En effet, ce dernier a formellement identifié le bagagiste aperçu en train de manier une arme dans le coffre de sa voiture garée sur l'emplacement 2F de Roissy.
Mais pour la famille, il est impossible que Abderazak soit lié avec un quelconque réseau terroriste. Pour cette dernière, il est "évident" que le jeune bagagiste est victime d'une "cabale". Le père de Besseghir ainsi que ses deux frères qui avaient été placés en garde à vue ont été remis en liberté, mardi après-midi.
Pour le moment, les enquêteurs ne peuvent préciser avec certitude le rôle exact joué par le jeune homme qui ne présente pas le profil type du terroriste, ni la destination de cet arsenal.
Ils ignorent s'il était le passeur ou le réceptionniste du colis retrouvé dans son coffre. La lecture de son agenda personnel ne contient aucune mention pouvant être exploitée. La seule certitude, c'est que le bagagiste muni de son badge pouvait circuler librement sur toutes les pistes et qu'il était affecté au chargement et au déchargement des soutes. De par ses fonctions et sa liberté de mouvement, il aurait pu être sollicité pour réceptionner ou faire sortir le colis contenant les armes et les explosifs.
Dans ce dossier, de nombreuses interrogations subsistent encore.
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